vendredi, mai 12, 2006

Jardinet, le remplissage

Contrairement à ce que l’on pourrait croire en voyant la luxuriance de la végétation environnante, en ville, le seul moyen de prendre possession de terre arable consiste à aller la chercher soi-même dans la jardinerie ou le supermarché le plus proche. Notre budget jardinage n’étant pas extensible, nous nous trouvions confronté à une impasse. Il nous fallait au plus vite combler ce trou qui faisait notre fierté avant qu’un quidam n’abuse de notre hospitalité en s’y jetant. Nous serions alors entièrement responsable. Comment acquérir à moindre coût deux bons mètres cubes de terreau et surtout comment le faire arriver, pile poil dans ce trou.
Fort heureusement, c’est à cette période que la commune entreprit la réhabilitation des berges de la Somme dans la portion qui traverse le centre ville. Il s’agissait de travaux pharaoniques destinés à creuser ces canaux et remplacer les berges de terre meuble et alluviale par deux murs de briques. Pour ne pas gêner la circulation des automobiles et des habitants du centre ville, il fut décidé de stocker la matière extraite par d’énormes pompes dans la cour de l’école maternelle Saint Germain fermée car dangereuse (On y aurait découvert des morceaux de béton probablement détachés des pignons, …probablement…). J’avais donc à moins de cinq cents mètres des tonnes de sédiments qui n’attendait que moi pour venir engraisser mon futur jardinet.
Je repris mon caddie et mes promenades nocturnes accompagné d’une petite pelle. J’en remplissais le sac qui ne servirait plus au transport de courses, du mélange pâteux né de la rivière, puis après avoir traversé tout dégouttant la chaussée, le vidait au fond du trou. Chaque jour, le soleil séchait ma quête nocturne et je recommençais. Cela fut de courte durée en raison de deux facteurs. Premièrement, mon intention n’était pas de combler le trou de cette matière qui quoi que fort riche me semblait trop grasse pour constituer un bon terreau. Deuxièmement, je pouvais sans trop de fatigue et me faire remarquer effectuer plusieurs trajets par nuit.
Heureusement, pour pouvoir monter les murs de briques, il fallut assécher des portions du canal le plus proche, et se faisant mettre à nu les anciennes parois. Derrière, se dévoilait un mur de terre arable enrichit par des centaines d’années d’infiltrations à l’abri de la lumière. Il me fallut faire très vite car je craignais de me voir fermer l’accès à cette manne par d’habiles maçons. En quelques nuits, je parvins en grattant de la pelle la paroi à en détacher suffisamment pour combler trou et Miss. J’en ôtais même pour former un petit tas en prévision d’un tassement inévitable.
Puis vint la phase d’aménagement.


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