Cette année, pour la réderie, je ne suis sorti que dix minutes, un quart d’heure maximum, entre deux averses, pour aller chercher mon pain. Mais cela suffit, pour que je tombe par hasard sur une jeune fille qui vendait les cinq tomes des rubriques à brac de Marcel Gotlib pour un prix qui me semblait totalement dérisoire.
Ce sont des recueils que j’ai déjà eu le temps de lire lorsque j’étais jeune. Des courtes histoires d’une à quatre planches qui en leur temps ont révolutionnées l’univers de la bande dessiné.
Tout d’abord dans le style de la narration. Vous ne les avez peut-être pas connus, mais fut un temps où les dialogues et les textes des commentaires dans les bandes dessinés se trouvaient placés dans le bas des cases et n’en sortaient pas. Puis ce fut les bulles que l’on connaît encore aujourd’hui. Aussi à l’époque, trouver du texte dans les endroits les plus incongrus était totalement neuf. D’autant que le style même de l’écriture, les caractères choisis exprimaient déjà des sentiments. Dans ces bandes dessinés, le texte est presque plus important que le dessin en lui même.
Autre révolution dans l’univers de la bande dessinée de l’époque, Gotlib s’affranchissait totalement du principe des cases. Ses personnages occupent tout l’espace et passent d’une case à l’autre grâce à des échelles ou des cordes à nœud, un même personnage peut sortir de sa case pour expliquer une chose au personnage de la case précédente. Je pense par exemple à cette description d’une girafe par le professeur qui sur chaque case d’une ligne décrit une portion de l’animal, de la tête aux sabots ou encore à ce pastique de lui-même qui prends appui sur la bulle de son texte de la case précédente. En fait, il laisse le choix d’une lecture non linéaire de ses histoires.
Ce professeur, éminent zoologue fait parti des personnages récurrents qui sont à ne pas confondre avec les personnages parasites qui eux passent de page en page en critiquant untel ou untel quand ce n’est pas pour parler de la pluie et du beau temps.
Ce sont des recueils de folie douce, et d’aberrantes explications qui sont devenus des classiques comme on n’en fait plus.
Je vous propose d’en retrouver certaines sur le site de Marcel Gotlib.
Un petit plus : SuperMarcel pour PC ou SuperMarcel pour Mac