vendredi, janvier 20, 2006

Les arcanes


Allez donc savoir pourquoi je me suis très tôt intéressé aux arts picturaux ? Lorsque je dis très tôt, c’est très tôt.
Les premières sensations picturales dont je me souvienne remontent à ma prime jeunesse, la maternelle que j’ai déjà évoquée. Cancre par désœuvrement, mon maître de l’époque pensait me punir en me retenant après la classe pour nettoyer le tableau noir.
Bizarrement, ce n’est pas cette surface qui recueillit mes premières créations artistiques, sans doute est-ce du au regard soupçonneux qui détaillait l’avancement de la corvée. C’est le mur arrière et externe de la classe qui supportât mes premiers essais.
En effet, la première des choses à faire consistait à nettoyer le tampon effaceur de ce tableau. Il s’agissait, pour ceux qui n’ont pas connu, d’un rectangle de bois ayant sur une de ses faces trois ou quatre rangés de feutre.
La corvée consistait à en tamponner le mur arrière de la classe pour en faire partir les excès de craie. Le maître, de l’intérieur, surveillait la progression du travail à la force et la fréquence du bruit.
Je réalisais sur la brique des œuvres abstraites et bicolores.
Lorsque je passais au pinceau, ma mère ébahie me fit prendre des cours de peinture fort enrichissant autant pour moi que pour la dispendieuse professeur. Je découvris le fusain et les aquarelles.
A la puberté, je jetais mon pinceau aux nues pour ne plus jamais le reprendre. Il faut dire qu’à cette époque je découvris l’insignifiance de mes réalisations, que m’avait caché l’admiration maternelle.
En cet art, j’ai plus qu’en tout autre un œil critique, et j’y recherche plus la qualité de la maîtrise que le sens caché qu’en tout autre art.
C’est peut-être la raison pour laquelle j’adore Vélasquez, Ingres ou Botero.


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