mardi, août 18, 2009

La coulée verte

L’autre jour en revenant de chez les enfants, nous avons croisé un renard, vous savez cette bestiole rousse au museau et à la pointe de la queue blanche, à peine aussi grand que l’un des Maine-coon d’Isabelle. Monsieur Goupil a croisé notre route, il sortait de la coulée verte pour y rentrer de nouveau.

Je croyais que ce type d’animal avait disparu en même temps que les contes et les fables de mon enfance. Mais l’on comprend aisément que ce malin petit animal ai trouvé refuge dans cet espace vert aménagé et protégé dans le cadre d'un plan d'urbanisation. Ce corridor biologique est un élément d'un réseau écologique et s’inscrit dans un réseau de déplacements dit « doux ». C’est d’ailleurs assez paradoxal de penser que ce chemin de randonnée est né d’une ligne de chemin de fer des plus polluantes.

Il ressemble à l’une de ces longues allées bordées d’arbres séculaires que l’on rencontre à l’entrée des châteaux et autres gentilhommières et où le soleil troue les frondaisons baignant l’ensemble dans une lumière bleu/verte « aquatique ».

Il est né sur l’ancienne ligne de chemin de fer entre Beauvais et Amiens et la route que nous empruntons pour aller chez les enfants à l’ouest de Beauvais y est parallèle.

C’était une ligne secondaire à voie unique, exploitée initialement par la Compagnie du Nord puis par la SNCF de 1876 à 1939 (trafic voyageur) et 1979 pour le dernier tronçon exploité pour le fret (Conty-Vers-sur-Selles). La ligne, proche du front de la Bataille de la Somme pendant la Première Guerre mondiale a joué un rôle important, ce qui a amené sa mise en deux voies en 1916. En particulier, elle a acheminé les troupes britanniques en octobre 1914 vers le front du Nord, puis en 1918, pour amener les troupes alliées vers Crèvecœur et Conty afin de contrer l'offensive allemande du 21 mars puis celle du 27 mai 1918.

Entre les deux guerres, la gare de Fontaine-Bonneleau a été agrandie par des travailleurs indochinois venus de l'Annam ( Indochine).

Dans le cadre de la coordination des transports prévue par le décret du 19 janvier 1934, le Ministre des travaux publics décida le 26 décembre 1938 de transférer sur la route le service voyageur. Cette décision prit effet le 9 janvier 1939, mais le trafic voyageur a repris pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de la pénurie d'essence et du bombardement du viaduc de Poix sur la ligne Rouen-Amiens ce qui fait qu’un train mixte (voyageurs et marchandises) a circulé entre Beauvais et Amiens du printemps 1942 à la Libération. Le trafic marchandises a perduré jusqu'en 1953 à raison de 2 trains journaliers.

La ligne a été fermée au trafic marchandises en plusieurs étapes, entre 1969 et 1990, notamment pour les campagnes betteravières, et lorsque les communes environnantes ont été dotées de lieux de stockage pour les grains de céréales. Puis, l'infrastructure a été déclassée en 1972 pour une partie de la ligne (Conty - Crèvecoeur le Grand), et l'emprise de la voie a été acquise en 1985 par le Conseil Général de l’Oise pour la section située entre Crèvecœur-le-Grand et Croissy-sur-Celle, et une autre collectivité publique pour la partie située dans la Somme. Seule la section située entre St-Omer et Crèvecœur-le-Grand appartient toujours à Réseau Ferré de France, mais est fermée à tout trafic.

La ligne desservait les gares, haltes et points d'arrêts suivants :
· Saint-Omer-en-Chaussée (Km 0)
· Oudeuil (km 4)
· Blicourt (km 6)
· Rotangy (km 10)
· Crèvecœur-le-Grand (km 13)
· Fontaine-Bonneleau (km 20)
· Bonneleau (km 23)
· Croissy-sur-Celle (km 25)
· Monsures (km 27)
· Conty (km 30)
· Lœuilly (km 35)
· Prouzel (km 40)
· Vers-sur-Selles (km 43)

C’est la partie de la ligne, entre Crèvecœur-le-Grand et Bacouël-sur-Selle (29 km), qui a été transformée en chemin de promenade, sous le nom de « Coulée verte ». Ce sentier botanique, abrite près de 30 espèces d’arbres différentes et permet d'accéder à de nombreux chemins de randonnées balisés permettant de découvrir les villages alentours et les paysages variés de la Vallée de la Selle. Les notices de ces promenades peuvent se trouver dans les offices du tourisme de Conty et de la Picardie verte.

L’ancien ballast(l’assise de la ligne composée de pierres), débarrassé des rails, blochets et traverses assure un chemin bien plat et régulier passant sous des frondaisons dont la hauteur était garantie par le passage des wagons. Parfois, l’on passe au fond du jardin d’un particulier ou l’on croise la route d’un garde-barrière.

C’est une magnifique promenade que nous faisions à vélo avec Matthieu lorsqu’il était plus jeune.


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