mardi, janvier 30, 2007

Love-Hotel Angel

Comme chacun me sait seul à la maison en ce moment, mes amis s’efforcent d’occuper mes soirées en soulevant et soutenant de brillants sujets de conversations si possible suffisamment controversés pour nourrir le débat et son homme. Bref, hier soir, nous étions au restaurant et nous nous sommes penché sur notre sujet de prédilection : l’Amour maternel.
Alors que je défendais le point de vue d’Élisabeth Badinter, Jean-Pierre Relier et d’Edward Shorter avec ACC, JMM tentais de nous imposer celui de Sarah Blaffer Hardy.
Comme de bien entendu, le débat nous échauffât suffisamment pour que l’on puisse avouer avoir passé une bonne soirée.
Comme j’avais promis d’étayer mes arguments d’un tout petit peu de documentation, autant vous en faire profiter. Toutefois avant de me faire clouer au pilori par la gente féminine de mon lectorat, je rappel que le sujet du jour c’est la distinction entre l’innée(dans les gènes) et l’acquit(apris) et non l’existence ou l’inexistence de l’amour maternel même si l’un ne va pas sans l’autre.

Tout d’abord, une petite définition de la notion d’instinct s’impose :
"Ensemble des comportements innés existant chez les animaux ; ces comportements qui assurent la conservation de l’individu et de l’espèce, présentent des caractères spécifiques. La notion d’instinct est donc liée à celle d’innéité et de spécificité ; elle est parfois appliquée au comportement humain. On a donné aussi le nom d’instinct tel ou tel comportement particulier ; on parlera aussi d’ instinct de conservation , d’instinct de reproduction.
La notion classique d’instinct est controversée."

Sur cette notion, pas de problème, nous avions sensiblement la même. Par contre au niveau de la définition de l’instinct maternel cela divergeais :
JMM s’en tenait à la notion développée par Sarah Blaffer dans son livre « Les instincts maternels » : la femme comme toutes femelles est instinctivement maternelle et nourricière, son instinct s’éveille avec la grossesse et résulte d’une modification hormonale durant cette période de co-habitation.(Il est un peu macho.)
Personnellement, j’ai sur le sujet une vue plus réaliste et moins physiologique, cet instinct n’existe pas, il est le fruit de l’apprentissage résultant de notre vie en communauté.
Comme beaucoup de sociologues, je reconnais l’existence d’un instinct de conservation , d’un instinct de reproduction, d’un désir naturel d’enfant. Mais comme l’ont démontrés les études vétérinaires sur les souris, dont les mères mammifères ne montrent pas nécessairement un attachement systématique aux nouveaux-nés juste après leur naissance. Disons plutôt que leur « instinct maternel » se développe progressivement, par petites étapes qui impliquent également le nourrisson. La nature ne peut être distinguée de la culture, et pourtant quelque chose dans l’imagination humaine nous prédispose à installer cette dichotomie. Nature contre culture, inné contre acquis. La persistance, pendant des décennies, d’une dichotomie inexistante me laisse perplexe. La découverte récente que les souris femelles dépourvues d’un gène particulier ne s’occupent pas de leurs petits a inévitablement suscité de nouveaux commentaires sur le gène « l’essence de l’instinct maternel », comme si elles l’avaient avec le gène et en étaient dépourvues sans lui. Le « sens inné du maternage » (selon les journaux) n’a peut-être rien d’inné, mais c’est à se demander si le besoin d’organiser l’information entre des oppositions binaires comme nature et culture ne l’est pas. »
L’histoire nous révèle que la notion d’amour maternel est étrangement évolutive. Après une longue période d’indifférence, marquée par le recours systématique dans les villes aux nourrices de campagne, la fin du 18e siècle voit naitre un nouveau comportement féminin. Le 19e siècle exalte et amplifie cet idéal de l’amour maternel…..c’est le sujet du livre d’ Elisabeth Badinter l’amour en plus : histoire de l’amour maternel (XVIIe- XXe siècle) qui propose un parcours historique assez érudit présentant les différentes manifestations – ou absences – de ce fameux instinct maternel au cours de l’histoire et conclut assez naturellement à sa nature bien plus sociale que biologique…. un autre excellent ouvrage qui présente cette mutation dans une perspective encore plus historique est, celui devenu classique, d’Edward Shorter naissance de la famille moderne : XVIII e – XX e siècle.

J’ai retrouvé une interview de Jean-Pierre Relier lors de la sortie de son bouquin : Adrien ou la colère des bébés à cette adresse : http://www.psychonet.fr/articles/famille/14-enfants/lire/1664-1-l_amour_maternel_une_evidence_.html


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