samedi, mars 22, 2008

Non sécable : Le nouveau protocole


Nous avons croisé le fiston qui sortait du film « Angles d’attaques » tandis que nous même allions rentrer dans la salle de projection du « Nouveau Protocole ».
Pour son troisième long métrage, un film de commande, Thomas Vincent s'attaque, sous la forme d'un thriller, à l’univers opaque des laboratoires pharmaceutiques. C'est l'occasion pour cet enfant du cinéma de retrouver Clovis Cornillac, devenu, près de dix ans après Karnaval, un des acteurs les plus en vue du cinéma français surtout après avoir incarné Astérix.
Ce ne seront pas deux de ses meilleurs rôles. De toutes façons, Dine ne l’aime pas, il est trop bourru, on dirait un ours etc.…Aussi de ce film qui ne repose que sur ses deux acteurs principaux, nous sommes sortis un peu déçus.
Déçus par l’histoire surtout. En effet, elle tente de faire passer les essais thérapeutiques sur l’homme pour une belle approximation, comme s’il suffisait de faire ingérer une molécule à un homme pour le transformer en cobaye. C’est omettre la plus grande part de l’intérêt d’une telle procédure : La collecte des informations. Faire des essais thérapeutiques , établir un protocole comme le dit pourtant si bien le titre c’est mettre en place une procédure de tests et de mesure des résultats qui ne laisse rien au hasard.
Matthieu fut un temps a testé des crèmes apaisantes contre l’exéma. Je me souviens qu’il était médicalement très suivit et surveillé. On ne le lâchait pas comme cela dans la nature, pourtant les crèmes en questions étaient déjà en vente libre sur les marchés américains et de ces tests ne devait découler que sa mise en vente sur le marché français.
Avant sa mise en vente, un nouveau médicament passe par quatre étapes :
Les essais de première phase : Ce stade correspond aux premières administrations du produit chez l'Homme, après que les études toxicologiques faites sur l'animal aient montré qu'il y avait une marge (plus ou moins) importante entre les doses toxiques et les doses auxquelles on espère observer l'effet thérapeutique recherché.



Les essais de phase 1 ont pour but de connaitre le comportement du médicament chez l'homme (comment il est absorbé, à quel taux il est présent dans le sang, à quelle vitesse et comment il s'élimine etc....)
- Dénués d'intérêt thérapeutique (dans l'immédiat), ces essais sont dénommés "sans bénéfice individuel direct"
- et sont conduits chez des volontaires sains, dans des locaux spécialement équipés et ayant reçu une autorisation particulière pour ce type de recherche.
Les essais de deuxième phase : Succédant aux précédents, ces essais visent à déterminer les modalités optimales d'administration du produit pour obtenir l'effet thérapeutique escompté :
- voie d'administration,
- nombre de prises journalières,
- posologie ....
Ces essais sont le plus souvent conduits chez des malades présentant la maladie que le médicament est censé traiter. A ce titre, ce sont des essais dits "avec bénéfice individuel direct".
Ces essais sont souvent menés par des médecins différents sur des groupes parallèles, se distinguant entre eux soit par la dose administrée, soit par les modalités de l'administration.
On commence maintenant a bien connaitre le médicament aussi pour la troisième phase, on peut envisager de le donner à un plus grand nombre de patients pour :
- confirmer qu'il est bien toléré,
- confirmer qu'il est bien actif
- éventuellement le comparer à d'autres médicaments déjà prescrits dans la même indication.
Ces essais sont menés sur des personnes malades et sont considérés comme apportant "un bénéfice individuel direct".
Enfin viennent les essais à posteriori. Ces études succèdent à la mise sur le marché. Elles peuvent poursuivre plusieurs objectifs :
- Etudier les effets à long terme du traitement,
- Confirmer sa bonne tolérance sur des milliers de personnes
-.....
Ce sont habituellement des études menées chez des personnes malades et apportant un bénéfice individuel direct. C'est à l'issue de ces essais que les autorités sanitaires délivreront l'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), indispensable pour que le médicament puisse être prescrit par les médecins et éventuellement remboursé par l'Assurance Maladie.
Aussi on ne me fera pas croire que des médicaments sont testés par des injections sur des populations ne bénéficiant pas d’un suivit médical régulier dans des conditions sanitaire et d’hygiène déplorable

D’ailleurs tous ceux qui vont au bout de cette histoire à rebondissement comprennent bien qu’il s’agit en fait d’une histoire de manipulation, un vaste engrenage ou comme le dit si bien le second personnage phare de cette fiction interprétée par la canadienne Marie-Josée Croze : « le voile est bien mince entre la normalité et la folie ».

Je ne peux pas dire honnêtement que ce film ne m’a pas plu, comme je ne peux pas dire qu’il m’ai emballé. Je ne saurais déterminer si c’est le sentiment que l’on tente de me manipuler comme le héros de cette histoire, ou, si c’est le rythme décousue du montage, alternant des scènes intimistes de deuil avec de belles courses poursuites et énormément d’action qui me donne mal au cœur. Toujours est’ il que ce film me laisse un gout d’inachevé.


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