mercredi, février 22, 2006

Bleus à l'âme

Ce temps pluvieux et moche me rend morose. Comme toujours dans ce cas là, je me penche sur mes vieilles malles pour y rechercher ces boites que je veux hermétiques dans lesquels je cache mes peines et mes noirs destins. Je les sorts à la lumière, les tourne et les contourne à la recherche d’une plaie dont j’ai oublié le goût. Ma grand-mère me disait toujours : « Il faut nettoyer la plaie avant de pouvoir la panser ». Personnellement je l’aurais écrit « penser ». Quelle boite vais-je entrouvrir aujourd’hui pour que s’échappe une part de ma peine ?
La plus grosse peut-être ? Julie nous pousse au courage.
Il en sort un tout petit photomaton. Un minuscule et innocent cliché. Amélie Poulain y eut vu une preuve d’amour. Elle eu ignoré le sang, la chair mêlées aux chromes sur le pare brise de ce camion, la vacuité laissé par l’absence. Mourir à vingt ans comme à tout âge, c’est idiot. Abandonner ainsi ses enfants sur le bas côté d’une route, c’est con. Et moi, dans tout cela, n’est-ce pas égoïste ? A seize ans me voici devenu l’aîné, entre des parents ravagés et des petites insouciantes, incapable de retrouver ma place dans cette famille amputée. Ce qui a explosé sur cette vitre, c’est notre famille et ma jeunesse.


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