Sur la place
Suis-je en retard comme à mon habitude ? N’est-il pas surprenant que celui qui déteste attendre vive sans la moindre montre à son poignet ?
De retour dans mon cher parc Saint Pierre où j’aime tant flâner, je réalise seulement maintenant qu’un tapis d’ocres et de roux ondule et m’ouvre une allée sous le souffle frais d’une nouvelle saison. Saviez-vous que la vieille feuille qui se laisse entrainer dans les tourbillons d’un vent de folie loin de son tronc, quelque soit son état de verdeur et la sève qui l’anime encore, conservera la même teinte que lors de sa déchéance ?
Celle qui a laisser le temps se glisser sur ses nervures entrainant dans les caresses du vent le souvenir de la jeune vigne, de son attache et de sa prude feuille se retrouve bien nue et rougissante.
Hormis la mort, il n’est rien d’inéluctable pour le jardinier prévoyant qui a su abriter de l’hivers dans un petit coin, son arbre. Il ne saurait que conseiller à celui qui craint la rugosité du tronc, l’application d’une de ces huiles de massage parfumées qui ne sont que prétextes à nouvelles caresses et qui réchauffent la sève en son cœur.
Est-ce pour cela que j’en ai oublié la rigueur des saisons, ayant libéré le rameau de son écorce habituelle. La vie est belle à qui sait la préserver.
« Aussi certains jours paraît, une flamme à nos yeux ».