Réderie d'automne
Dimanche a lieu la réderie d’automne. D’aucun pourrait se demander ce que l’on peut éprouver à ce geler les miches à bagnauder d’étal en étal sous un crachin frémissant. C’est pourtant un rare plaisir que de chercher dans tout un tas de cochonneries, l’objet qui deviendra la perle qui ornera votre intérieur de son originalité désuète. Je me souviens particulièrement d’avoir rapporté un jour une de ces horreurs alambiquée en fer forgé totalement rouillé qui servait autrefois à accrocher, dans le hall d’entrée de ces gentlemans, les manteaux humides, les parapluies et surtout les chapeaux et casquettes. Ce que j’avais négocié d’arrache pied pour cinquante francs français de l’époque(environ 7 euros et quelques brouettes) tira de ma miss de grands yeux horrifiés. Il faut dire que le miroir avait du apporté ses sept années de malheur à celui qui l’avait brisé et que bon nombre des dorures et parties les plus finement ouvragées étaient tordues, écaillées et piquetées de rouille. J’ai bien du lui consacrer mes soirées de tout un mois. Reboucher, polir, lisser, passer au minium, redresser, repeindre et voir petit à petit le meuble reprendre forme. Peut m’importait alors les sommes consacrées à la remise en état. Seul comptais le plaisir du travail manuel, un peu comme le plaisir de résoudre un problème étape par étape et constater que le résultat obtenu correspond à ce qui est attendu. Il nous avait fallu au moins une semaine pour déterminer la couleur exacte du vieil or des dorures. Ni trop récent, ni trop vieux…
Et alors me direz vous, alors, nous avons maintenant un porte manteaux qui même s’il n’est pas le plus beau de tous ne nous quittera plus. Il a eu son propre vécu et maintenant, sa propre histoire dans notre foyer. Ce qui n’a rien à voir avec d’autres bêtement convoyés de chez le marchand. Il y a ainsi chez nous quelques trucs, des bidules pour lesquels vous ne donneriez pas un centime mais qui ont aquit par réderie une dimension familliale.