A vif
Comme nos dernières places de ciné affichaient une date de péremption égale au dernier jour de septembre, la puce et moi nous sommes sentis obligés d’aller au cinéma afin de ne pas gâcher le prix de ces places. Nous avons choisi un film américain de Neil Jordan dont nous avions entendu les critiques : « une apologie de la violence », « un hymne à l’auto-défense », « un exutoire à la peur », « un film sur la vengeance, l’amour et la culpabilité » pour n’en retenir en fin de compte qu’une seule : « Sans éclat, ni panache une pâle copie de Charles Bronson en justicier. ».
Avec tout cela vous me direz que voilà un film rhabillé pour l’hiver. Malheureusement pour tous ces détracteurs, il se trouve qu’en notre jeune temps, nous aimions voir le sombre moustachu dégommer à tour de bras toute la racaille de New-York. Même si l’histoire a, comme son héros pris quelques rides, nous nous demandions comment le réalisateur si inventif de « Mona Lisa », « entretient avec un vampire » ou « Prémonitions » allait s’en tirer avec une histoire somme toute très banale il faut bien le reconnaître. Il s’en tire en fait très bien. Alternant durant les deux heures et quelques du film des scènes violentes, rapide et fort réalistes et d’autres plus douces, tendres et intimistes. Il ne renie aucunement ce qui semble une philosophie simpliste et sait exploiter magnifiquement la magistrale palette de Jodie Foster.
Avec son jeu tout en finesse, cette vengeance devient un instrument de reconstruction pour une autre personnalité. Quand vous voyez sur un grand écran frémir la veine bleue de la petite Jodie entre son œil et la racine de son nez, vous avez tendance à plonger dans la noirceur de son iris, la vacuité de son regard, là même où l’on peu ressentir l’absence laissé par la disparition de cet amour qui remplissait autrefois la vie d’ Erica Bain, son personnage. Il s’agit d’une animatrice de radio à la voix chaude et prenante qui raconte à l’antenne ses errance solitaire dans la ville. Suite à l’agression où elle va perdre son futur mari, elle va tenter de surmonter ses craintes et ses peurs en appliquant une loi du talion sévère et violente. Elle retrouvera l’amour sous les traits de Terrence Howard, l’inspecteur chargé de l’enquête.
Une grande partie du film repose sur le jeu subtil entre ces deux acteurs.
C’est un bon film, il n’est pas inoubliable mais nous a permis de passer un bon moment. Je regrette toutefois un peu que l’on emploie de plus en plus Jodie Foster dans ces rôles de Rambo féminin, bien loin de la petite fille à son papa de nos feuilletons d’hantant, ou encore de la mère du « petit homme » où elle était tout autant "A vif".