lundi, mars 20, 2006

au tapis



au tapis
Originally uploaded by francois et fier de l'Être.

J'avais offert, il y a dix huit ans de cela, à Claudine, une petite caniche abricot que je pensais être toy.
En réalité, elle s'était révélée être naine et s'est plus Matthieu qui en fit sa camarade de jeu et qui en profita que Claudine, malgrè elle plus portée sur la gente féline.
Il y a cinq ans, cette chienne adorable nous quitta emportée par une crise d'urée.
Ce fut dans notre famille un déchirement. Elle avait su en presque quatorze années s'y faire une place importante.
Je l'ai vu rester des heures dans une inconfortable position, sans bouger une patte pendant que Matthieu alors très jeune triturait les poils d'une de ses longues oreilles pour en faire un ninnin, le pouce dans sa bouche.
Lorsque nous allions au parc, jouer au football ou grimper sur l'une de ces constructions de cordages, nous lui laissions en garde notre sac. Personne n'aurait pu nous y voler quoique ce soit. Qu'un chien ou un enfant s'en approche et la chanson commençait ! Elle grognait d'abord doucement et au fur et à mesure de l'approche, les canines de dénudaient et le son augmentait.
Certes, elle n'avait pas un physique impressionnant mais je peux vous garantir que jamais rien n'a disparut de l'un de nos sacs, personne ne s'est jamais fait mordre.
Matthieu l'avait baptisé "Daisy" comme la femme de Donald Duck son héros du nomment.
Dans la semaine qui suivit son trépas, Bandjo, un gros matou qui nous avait adopté disparut lui aussi. Nous avions à l'époque trois chats, chacun le sien, et l'équipe qu'il formait avec Matthieu était particulière.
Bandjo est le seul chat que j'ai jamais vu obéir au coup de sifflet. D'ailleurs, à par au cirque, je n'ai jamais vu un autre chat obéir.
La perte de ses deux compagnons récompensait bien mal sa réussite au baccalauréat. Il s'ensuivit ce que, bien que n'étant pas toubib, j'appelle une dépression. Des bouffées de larmes sans retenues quel que soient les activités en cours.
Nous ne souhaitions pas Claudine et moi reprendre trop tôt un compagnon qui quoique l'on en dise serait une contrainte nouvelle. Mais nous fûmes bien obligé d'abréger la période de deuil en changeant les esprits de tous par l'arrivé dans le foyer d'un nouveau compagnon.
Nous avions pris le parti de ne pas reprendre une caniche de peur qu'elle n'est à subir une comparaison peu flatteuse.
Nous ne voulions pas non plus reprendre un chat car la réussite scolaire allait scinder notre foyer et nous savions que Matthieu aurait bien d'autres choses à faire qu'à veiller au confort d'un chaton qui comme chacun le sait nécessite plus de soin qu'un petit chiot (litière etc...).
Nous avons donc transigé pour une petite femelle cocker américain. Mat la souhaitait noir et blanche, personnellement j'avais une préférence pour golden et Claudine la voulait champagne.
Nous avons entrepris un dimanche d’aller chez un très gros éleveur de la région dont la publicité orne tous les journaux d’Amiens mais dont je tairai le nom pour ne pas lui faire la moindre publicité.
Nous y avons découvert des conditions de « stockage » abominables, de nature à traumatiser n’importe quel animal. Les chiots étaient parqués par trente environ par bidons de plastiques. Il faut dire que la solution, bien que barbare, était ingénieuse pour n’importe quel fainéant.
Il s’agissait de cubitainers à vin de 80 cm cubes dont l’on avait découpé le haut pour que l’on y puisse admirer le bétail et dont le robinet servait à l’évacuation de l’urine. Les autres déjections étaient quant à elles allégrement piétinées par cette meute qui n’avait qu’une seule envie, être extrait d’un tel enfer. Le plastique leur brûlait les coussinets et les conditions d’hygiène devaient être à l’origine de la méchante toux qui en affaiblissait les trois quart.
Nous n’avons pas hésité longtemps, nous sommes repartis, peu désireux d’enrichir l’esclavagiste en libérant l’un de ces malheureux.
Le hasard, mais surtout l’itinéraire de retour nous fit passer devant une grande grille qui si l’on en croyait l’affiche abritait un petit chenil. Nous avions du mal à croire après notre visite dans cette grange si bruyante que ce petit corps de ferme paisible puisse abriter le moindre chien.
Mais si, le propriétaire, entouré d’une petite meute d’une dizaine de chiots de toutes races sous la surveillance attentive d’une chienne « berger picard » vint nous ouvrir et nous fit visiter son petit paradis. Il nous expliqua que spécialisé dans le berger picard, il faisait avec d’autres éleveurs qu’il connaissait des échanges de chiots. Nous lui racontâmes nos déboires avec son gros concurrent et il nous expliqua que ces containers venaient directement d’élevages intensifs et consanguins des pays de l’est. Bien sur, me direz vous, il nous vante sa marchandise. Mais pour avoir vu la propreté des anciennes stalles réhabilitées contenant chacune de deux à trois chiots pour deux mètres carrés, d’avoir assisté à la promenade sous surveillance maternelle dans ce grand parc de quelques-uns uns, discuté éducation avec leur maître nous avons compris que notre achat se ferait ici. Il n’avait malheureusement plus qu’un seul cocker américain, un mâle tout noir destiné à un autre client. Il nous conduisit à une stalle dans laquelle il disposait d’un couple de Cavaliers « King Charles » dont la morphologie est proche de celle des cockers puisque issus eux aussi des épagneuls.
Ils étaient aussi différents l’un que l’autre. L’un tricolore et l’autre marron et blanc, l’un vif et nerveux l’autre placide et doux. Le plus pataud ne cessait de faire des lèches à Matthieu. Nous le choisîmes avant de nous rendre compte qu’il s’agissait du mâle. On l’appela Saxo en hommage au bandjo qui nous avait quitté.
Si j’ai, aujourd’hui, fait un post aussi long sur ces animaux qui ont partagé un instant de notre vie c’est surtout parce qu’en scannant les vieilles photos de famille, l’on se rend compte que l’on a pas de souvenirs de tous ces petits instants que l’on a partagés ensemble et que l’on a tendance à oublier qu’ils ne nous survivent malheureusement pas. Je n’ai pas une photo potable de cette magnifique chienne qui a accompagné toute l’adolescence de notre fils, aucune preuve de son courage et de son amour pour nous. Je ne souhaite pas qu’il en soit de même avec ce petit saxo qui agrémente et justifie mes trois heures de promenade quotidiennes.


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