Devoirs de vacances
En ce moment, un grand débat autour de la qualité de l’enseignement a lieu. Je serais bien mal placé vu le nombre de fautes d’orthographe qui émaillent mes petits messages de faire la moindre leçon. Il me semble toutefois avoir en ce domaine plus de capacités que je n’en rencontre dans les messages laissés sur le blog du club de football. Soit dit en passant, je ne prends plus la peine de les corrigés puisque cela n’a pas plus d’effet que de l’urine sur le vernis d’un violon. Je ne puis donc vous faire part en la matière que de ma propre expérience de cancre ayant changé son fusil d’épaule autour de la sixième.
Il fut un temps, en effet, où les difficultés de la langue française avaient plus le don de m’agacer que de me ravir, où le but de tout enseignement était de me barber avant l’âge. Puis petit à petit, j’ai appris à aimer les problèmes et la simplicité de leur résolution. Les difficultés de la langue se muèrent en ravissantes subtilités et l’enseignement m’apportât sagesse et sérénité.
Comment ses fesses me direz-vous ?(Hé, surveillez votre langage !)
Il est temps pour moi de vous révéler le secret de mon vertigineux quotient intellectuel. Je suis de la génération des premiers « cahiers de vacances ».
Késako ? C’est un petit ouvrage illustré qui propose à votre sagacité quelques menus problèmes à exécuter en s’amusant. Cela doit être la définition officielle car dans les faits, il faut connaître Mamie pour comprendre le côté amusant de cette appellation.
En vacances d’été comme en celle d’hivers, qu’il vente ou pleuve comme lorsqu’un grand soleil inondait nos jeux d’enfants nous étions soumis aux « devoirs de vacances ». Les quatre gosses déprimés autour de la table ronde de la cuisine ouvraient leur « cahier » à la page du jour. Tandis que Mamie touillait ses confitures ou faisait bouillir ses bocaux de conserve, les plus jeunes dessinaient, coloriaient ou reliaient des trucs selon la couleur ou la forme tandis que moi et mon frère nous nous battions avec la conjugaison cachée dans les textes à trous quand il n’y avait pas des dictées. Mes sœurs nous abandonnaient assez vite puisqu’il semblerait que la concentration des plus jeunes soit plus courte, et nous ne quittions la table que lorsque l’ensemble des problèmes et des textes à étudier de la journée se trouvaient finis. La théorie pédagogique de Mamie si elle semble sévère au premier abord comme dans les souvenirs que j’en ai n’en a pas moins été payante puisque de cancre patenté le niveau moyen de la famille s’est accru. N’allez pas croire que nous étions des enfants brimés pour autant. Il s’agissait de nos seules tâches de la journée. Il ne nous était pas demandé de laver la vaisselle ou de retourner le jardin, notre seule obligation consistait à faire ces deux pages de devoirs de vacances journalières. Si pour une raison quelconque nous n’avions pas fini, nous en avions plus à faire le lendemain.
Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, autant nous détestions cela en début des vacances lorsqu’il nous semblait injuste de devoir rester enfermer à faire des devoir alors que nos copains commençaient à s’amuser, autant sur la fin des vacances, avions nous appris à les aimer. Les sujets abordés étaient variés, nous faisaient voyager et en fin de compte nous amusaient.
Le croiriez-vous, arrivé à mon âge, ma miss m’a fait un très grand plaisir en m’offrant l’un de ces ouvrages spécialement conçu pour les adultes : Le « cahier de vacances pour adultes spécial hiver ». J’ai ainsi de l’occupation lorsque je me retrouve de permanence dans le châlet et qu’il n’y a pas grand monde.
P.S. : C’est aussi dur que dans mes souvenirs.