samedi, juin 14, 2008

Sagan - Bonjour tristesse

J’avais prévu de parler de tout autre chose pour ne pas évoquer une troisième fois en suivant l’un des films de l’actualité. Mais, alors que d’autres s’endorment dans ce jour nouveau, je quitte bouleversé la dernière séance.

J’avais comme beaucoup d’autre entendu parler de ce film, les critiques criant au chef d’œuvre et encensant littéralement la petite Sylvie Testu. Si les plus excessifs qualificatifs furent prononcés à son sujet, aucun ne m’étonnait tant j’ai et j’aurai toujours à l’esprit ses lèvres pincées de carmin et ses grands yeux pleins de stupeur et tremblements. Il est des rôles qui marquent, façonnent et fascinent, des rôles qui déteignent l’âme au point d’absorber la notoriété à l’acteur dévolue. Dorénavant, elle sera aussi Sagan. Une moue, des doigts passés dans les cheveux, les yeux mi-clos pour échapper au monde comme à la fumée d’une cigarette négligemment tenue. Même la voix qui se raconte devient sienne. Alors, comment qualifier aussi parfaite incarnation ?
Je n’avais donc entendu que du bien de ce film disais-je. Toutefois, je me méfie un peu de ces critiques professionnels qui brossent la redingote de leurs invités pour mieux leur cracher au dos tourné.

J’avais le souvenir de la saveur sucrée et acide du diabolo menthe de Diane Kuris. Ors ce goût ne se prête guerre aux vapeurs de whisky et à la fumée des fausses blondes. Mais il ne fait pas de doute que la réalisatrice a su y verser quelques goutes de son cocktail Molotov. D’ailleurs, notre nez creux de Luc Besson qui via sa société EuropaCorp, a décidé d'en acquérir les droits pour trois mois au cinéma ne s’est pas trompé. Sagan était initialement un téléfilm en deux parties de quatre-vingt-dix minutes ("Un charmant petit monstre" et "Des bleus à l'âme") pour France 2. Elle n'a pas connu Françoise Sagan. Elles avaient pourtant failli travailler ensemble : la cinéaste avait proposé à l'écrivain d'écrire le scénario des Enfants du siècle, sachant qu'elle adorait la correspondance entre George Sand et Alfred de Musset. Cela ne s'est finalement pas fait.

Bien que la distribution soit parfaite et de qualité, je me dois donner un accessit à Chantal Neuwirth qui dans le rôle discret de Mme Lebreton réalise une magnifique et fort émouvante prestation. On l’avait déjà vue il n’y a pas si longtemps dans le cortex de Nicolas Boukhrief où elle jouait la directrice Francine.


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