poussières sur deux coeurs
Je ne sait pas si c’est le récent mariage de Cindy et Guillaume qui m’a fait m’interroger sur la pérennité des déclarations mais lorsque j’ai vu cette pendule un peu désuète dans l’atelier menuiserie de l’association « Brasero », je n’ai pas pu m’empêcher de penser à l’amour qu’il symbolisait. Pour quelles raisons en est-elle devenue à être remisée sur ce mur ?
Voir cette rutilante et banale pièce d’horlogerie perdre son cliquant sous l’accumulation de la poussière et de la sciure alors qu’elle a du être offerte ou achetée pour symboliser l’union de deux cœurs m’a légèrement déprimé. Appartenait-elle à un menuisier qui, surveillant l’heure d’un regard enamouré et jaloux, comptabilisait le temps restant avant son retour auprès de sa conjointe ? A t’il laissé peu à peu la poussière du quotidien lui cacher la danse des aiguilles et ses oreilles sont elles devenue sourde au constant tic-tac ? A moins que cela ne soit le contraire.
Mon immanquable romantisme me pousse à l’imaginer décédé, abandonnant en même temps que sa dépouille, dans un coin perdu de sa vie professionnelle, le souvenir d’une printanière idylle. Et elle, cherchant en vain son image dans les niches de sa mémoire, égrainant le chapelet des heures qui les séparent.
Je n’ai pas eu la patience d’attendre le prochain mouvement d’aiguille. Je ne sais donc si l’amour est mort, vaincu par l’accumulation de petits copeaux ou par le claquement sec d’un ressort par trop tendu, si le cœur s’est tût, par lassitude, en douceur ou dans un soubresaut. A moins bien sûr que ne perdure un vaillant tic-tac, que les aiguilles ne progressent inlassablement avec la régularité d’un métronome et la patience d’un glacier, que par delà les symboles elle s’en tienne à son rôle utilitaire et l’enchainement des petites minutes.
Elle a beau être passée de mode, son style rococo m’horripiler au plus haut point, je ne me voit pas la déplacer, ni la remiser ailleurs. Je l’aime bien.