Faire de son mieux sans rien regretter.
Est-ce une diminution de la faculté de s’émouvoir, ou l’empilement des années qui nous pousse à ne plus fêter l’événement ? A moins que l’on attribue au delà d’une certaine limite, une banalité toute répétitive à l’occasion ? Un bon repas, une fleur, un parfum et l’on cours vers le suivant, inexorablement. Et de ce jour mémorable parmi d’autre il ne nous reste que la saveur d’un soir déclinant, le goût d’une boisson chaude à la terrasse d’un café et la Somme qui charrie, à gros bouillons vers la mer, ces souvenirs que l’on tente de retenir aux bords de notre esquif. Heureusement, face à cette fuite, trône à nos côté l’ouvrage que l’on a élevé, protégé des assauts des eaux par le cocon serré de nos actes. Et même si les marées du temps en viendront bien un jour à bout, nous ne seront plus ici pour nous en inquiéter, le devançant à tout jamais sur les flots. Nous savions en bâtissant qu’il nous faudrait un jour abandonner ces remparts aussi imparfaites qu’en soient les fondations, aussi inachevée en soit notre nef.
Faire de son mieux sans rien regretter.
