Bon anniversaire
Le temps passe, il court et l’on a pas trop d’une vie pour tenter de le retenir. Et tandis que l’on tire sur l’ourlet d’un pan, l’on voit de l’autre côté s’ouvrir une vieille couture : une ex vous présente son petit fils. La harde effilochée se transforme alors en Chappe de plomb. L’oignon compte ses couches. Il ne les compte pas en années mais en révolutions. Son œil s’embue au souvenir de celle qu’il ou qui l’a changées. Sa pudeur fera abstraction de ce vieux canapé transformable où par un soir de permission aux alentours du 11 novembre 1983, après un copieux cassoulet bien arrosé chez Marie-Claire, eu lieu la conception.
Je préfère coucher là la molesquine du 28 août suivant. Si les femmes enfantent dans la douleur, l’homme abandonne là son enfance dans le stress. Jamais de toute ma vie, je ne me suis senti aussi impuissant que devant ce sofa de la salle de repos de la maternité. Après toute une journée de contradictoire contractions, quelques aller-retour désordonnés, nous avions atterri là, loin et pourtant si près de la salle de travail monopolisée par une parturiente en difficulté qui du coup accaparait le médecin accoucheur que nous avions choisi dans une patiente planification. J’avais beau savoir que des millions de femmes avant Dine avait endurées et supportées les mêmes flux et reflux nerveux, les pas cliquetants du personnel médical affolé derrière la cloison ne faisaient rien pour nous rassurer.
Depuis, j’en ai changé des couches mais enfouis au fond de moi, je garde précieusement tous ces instants d’angoisses dont j’admire chaque jour la force et la croissance.
Bon anniversaire.
