Sombre Héro
Dès que j’ai un peu de temps libre, surtout en vacances, je me plonge littéralement dans un bouquin. De deux choses l’une, si il me plait, j’en explore les fondement et ne le lâche qu’une fois terminé, dans le cas contraire, je le largue. C’est à dire que je trouve n’importe quel prétexte pour passer tout de suite à un autre sans l’avoir fini. J’y ai lu le dernier livre de Jean-Christophe Grangé : « Le serment des Limbes ».
Même si son nom ne vous rappelle pas grand chose, vous avez du entendre parler de son œuvre.
Laquelle ? me direz-vous, et je serais bien en peine de savoir dans quel domaine vous avez pu croiser ce touche-à-tout de génie. En effet, cet homme c’est lancé dans de multiples projets tous couronnés de succès. Tout d’abord, il a planché sur Gustave Flaubert lors d’une maitrise de lettres à la Sorbonne avant de se lancer dans une carrière de publiciste puis dans le journalisme. Devenu grand reporter international pour de nombreux magazines de renom comme le National Géographic ou des quotidiens comme le Times, il se met à son compte en créant la société L&G. C’est à se moment là que ses talents sont révélés au monde, il reçoit le Prix Reuter en 1991 et le Prix Word Press l’année suivante. En 1994, paraît son premier roman « Le vol des cigognes » remarqué par la critique qui vante son imagination et son inspiration. Si cet ouvrage est passé inaperçu du grand public, il n’en va pas de même du second paru en 1998 « les rivières pourpres ». Ce succès de librairie fera l’objet d’une adaptation cinématographique remarquable et remarqué qui propulsera avec bonheur son troisième roman, « le concile de Pierre » en 2000 en tête des ventes. Ayant écris lui même le sénario original des « rivières pourpres » opus un et deux, il continue parallèlement sa carrière de scénariste avec l’adaptation de « Vidocq » en 2001. En 2003, « l’empire des loups » connaitra le même succès tant dans son adaptation qu’en librairie. En 2004, sort « la ligne noire », premier tome d’une future trilogie sur la connaissance du mal sous toutes ses formes. Alors qu'il déclare ne plus vouloir faire de scénarios originaux pour le cinéma, il se lance dans l'écriture d'une histoire originale pour une bande dessinée La Malédiction de Zener (de Philippe Adamov). Enfin, en 2007, paraît ce deuxième tome de la trilogie intitulé « Le serment des limbes » que j’ai donc entamé le lundi 23 juillet 2007 vers 10 heures.
Le mercredi 25 juillet j’avais fini ces 650 pages éditées chez Albin Michel. Vous vous en doutez, j’avais des crampes dans les doigts à tenir ainsi sans arrêts cet énorme pavé bleu. Tant que l’on en est à la description physique de l’ouvrage, autant signaler qu’il s’agit de pages brochées(elles ne se séparent pas du reste du bouquin lorsque vous le tenez trop ouvert, à une seule main.).
Je vous avouerai que la description du contenu qui figure habituellement au dos est plutôt sibylline et ne fourni pas une indication très précise sur la nature de l’ouvrage. Cela n’a pas empêché Matthieu de s’en porter acquéreur mais il faut dire qu’elle est suffisamment mystérieuse pour piquer notre curiosité : « Quand on traque le diable en personne, jusqu'où faut-il aller ? ». Il n’est pas fait référence aux nombreux déplacements du héros à travers l’Europe mais plutôt à la descente aux enfers que constitue la visite des méandres psychologiques des coupables comme des innocents. D’ailleurs, nous avons bien du mal à situer dans quel camp ce trouvent les personnages. Sont-ils bons, très bons ou méchants, trop méchants ? Il va vous falloir attendre les dernières pages pour le découvrir car au niveau de la narration, l’auteur est totalement absent, seul, le héro, Matthieu, doit se débrouiller pour reconstituer l’écheveau de la vie des autres personnages ; en commençant par son plus proche ami, Luc, un autre flic comme lui mais spécialisé dans la lutte contre le trafic de drogue dont la tentative de suicide se solde par un coma prolongé. L’ouvrage débute donc par cette interrogation : Quelle cause peut avoir poussé un détenteur d’une foi chrétienne aussi entière au suicide ? Trouver la solution a cette énigme va nous faire croiser une foule de personnages atypiques qui s’interrogent sur le sens du mal et son origine, sens religieux comme scientifique. Tous les ingrédients d’un bon thriller sont là : Une lecture aisée, une intrigue bien documentée et ficelée, des personnages touchants dans leurs faiblesses comme dans leurs certitudes, quelques morts et bien sûr une belle poursuite en voiture dans les montagnes enneigées.
Comme je vous le conseille, je ne vous en dirai pas plus de peur de briser cette athmosphère de suspicion noire qui s’en échappe.
Voici donc un bouquin fort rentable puisque je le passe à Isa qui constituera à n’en pas douter un prochain film à succè. Veillez toutefois à ne pas le lire dans le noir.