mercredi, juillet 02, 2008

Petite scène bien ordinaire


Kiss / Rock And Roll Over
Originally uploaded by bradleyloos.

J’étais dans le bus de la ligne 8, une petite navette ceinturant le centre ville d’Amiens, lorsque sont montés à l’arrêt de la maison de la culture trois jeunes au ramage un peu excentrique et une jeune fille des plus classique qui s’assit à mes côtés. Ils occupèrent les trois sièges nous faisant vis à vis et l’un d’eux s’enhardi à me faire une conversation destinée plus à le faire mousser auprès de ma voisine qu’a recueillir mon avis. Il débuta en me demandant si il me « choquait ». Je voyais bien aux regards qu’ils lançaient tous les trois à ma voisine que c’était d’elle qu’ils attendaient une réaction. Je lui répondit sans me démonter : « Auriez-vous fait quelque chose de choquant ? ».
Soulignant son énumération à grand renfort de ses deux mains, les indexes pointant vers l’intérieur, il en vint au fait. « J’ai mis du gel et dressé mes cheveux comme un hérisson, j’ai pris un crayon et noirci mes yeux, je me suis dessiné une étoile sur la joue, j’ai mis un collier de cuir à gros clous, un T-shirt moulant noir et blanc, une large ceinture à brillants et un jean taille basse. Alors ? »
Bien évidemment, il n’a pas dit exactement cela comme cela, en vers, mais l’idée et la forme y sont. Ce disant, il omettait la touche aussi voyante de son voisin, un freluquet nageant dans un maillot de football taille XXXXXXXL d’un orange fluo et coiffé d’une casquette toute aussi colorée et large, digne de Jamirokaï.
Je lui répondit franchement : « Ce n’est pas choquant. C’est une pâle imitation d’un groupe de rock des années soixante dix. Ce n’est ni choquant, ni original. »
Leur regard quittèrent enfin les appâts de ma voisine qui profitaient discrètement du beau temps. Le même porte-parole me répondit : « On me regarde, moi, au moins » avec dans la voix tous les sous-entendus nécessaires pour me faire comprendre tout le mal qu’il pensait de ma tenue.
En oscillant de droite à gauche la tête, je lui répondit : « Non ! Non, on ne te vois pas, on juge la tenue en fonction de ce que l’on croie savoir de ceux qui l’ont portée par le passé. Tu n’es pas plus visible pour autant. » et me tournant vers la jeune fille, je lui dis : « N’est-ce pas, mademoiselle ? ».
Ils sont descendus pensifs à l’arrêt de la mairie.
P.S. : Il m’a semblé intéressant de relater cette petite discussion aux vues des leçons qu’elle recèle.


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