dimanche, juillet 13, 2008

Propositions malhonnêtes


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Originally uploaded by bcommeberenice [ in PcommeParis ].

Fut un temps où le dimanche après-midi, alors que mes parents trimaient au magasin, ou tous les quatre, mon frère, mes deux sœurs et moi-même allions à la piscine Pailleron dans le 19e arrondissement, près du métro Bolivar ou Jaurès. Il était assez compliqué de s’y rendre, il y avait tout un tas de changement, Louis Blanc et autre.
J’étais selon Jean-Michel entre deux âges, suffisamment grand pour qu’il puisse me confier mes petites sœurs dont il avait la charge mais trop petit pour l’aider à draguer ce que je pensais être le fond de la piscine. J’avais onze ou douze ans et ordre de ne le déranger sous aucun prétexte, de faire comme si nous ne le connaissions pas. Il me faisait parfois comprendre que nous devions rentrer seuls et je dois avouer que je trouvais plus pratique de rentrer à pieds plutôt que de devoir faire tous ces changements.
C’est ainsi qu’une fois nous rencontrâmes un pervers.
C’était rue Lafayette, sur le pont au dessus des rails de la gare du Nord ou de l’Est, je ne m’en souviens plus trop bien. Là encore, je dois avouer que la surprise me fit manquer d’à propos. Mais imaginez nous un peu, sac polochon un peu humide dans le dos, moi au centre, une sœur dans chaque main, cinq et sept ans, occupant toute la largeur du trottoir face à un individu tenant entre chaque main l’un des pans de son imperméable Blueberry, nu omis son chapeau et ses chaussettes.
Je ne sais pas ce qui se serait passé si Nadine, la plus jeune, ne s’était mise à rire en désignant du doigt le bonhomme et en s’éclaffant : « Il a un tout petit zizi ! ». Bien évidemment, Fabienne en fit autant. Moi, je n’en menais pas large, imaginant le pire, mais avant que je n’ai eu le temps d’appeler au secours, le pervers, affolé, remballa son matériel et pris ses maigres jambes à son cou. Malheureusement, par sa faute, nous n’eûmes plus le droit de retourner à la piscine. Pourtant, ni mes sœurs ni moi n’avions été choqués ou marqués par ce que l’on considérait comme une bonne blague, un intermède vraiment comique.
Pour le second incident du même genre, il me faut bien reconnaître une certaine responsabilité.
Notre plus jeune chat, bien que coupé, avait profité de la moiteur aoutienne pour se faire la belle. Après l’avoir recherché dans tout le quartier, une copine à Claudine qui se targuait d’avoir avec son pendule quelques connaissances divinatoires avait « vue » que je trouverai le matou au fond du parc de la Hotoie. Après maintes discussions, je me laissais convaincre qu’il est des forces occultes dont on peut vérifier la véracité et lorsque l’on passe à côté, il n’en reste que des doutes. C’est la raison pour laquelle je me retrouvais à minuit, en pyjama short, assis sur un banc, sous un réverbère avec à mes pieds une écuelle de pâté pour chat et en main un bouquin. Tout en lisant, je sifflotais en appelant de temps à autres le chat par son surnom : « Badboy ». Même si la situation était un peu ridicule, je dois avouer que je m’en fichais totalement, ne prêtant que peu de cas au quand dira t’on. Toutefois, je n’avais pas prêté attention au fait qu’à deux pas se trouvais, unique établissement ouvert à la ronde, le « pavillon bleu ». Je n’avais pas vu le côté provocateur que peut avoir un jeune gars de vingt huit ans à moitié à poil sous un réverbère au sortir d’une boite de nuit très « gay », aussi ai-je été assez surpris lorsqu’un homme d’un certain âge me proposa d’aller de l’autre côté de l’étang en glissant carrément la main dans mon short. Il a du être aussi surpris que moi lorsque je lui ai retourné une beigne en criant « C’est pas du tout ce que vous croyez ».
Je dois avouer lui avoir laissé l’écuelle et la pâté lorsque je me suis enfuie en maudissant les voyantes et leurs pendules.


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