mercredi, juillet 16, 2008

Saint Firmin, d'Amiens à Pampelune

A Amiens, on a tendance à surveiller nos martyrs et un en particulier, un transfuge espagnol dont les reliques sont retournées à Pampelune, dans le nord de l'Espagne. Il s’agit de Saint Firmin, appelé aussi Firmin d'Amiens, Fermin ou Firminius.
Firmin était le fils d'un sénateur romain de passage à Pampelune converti au Christianisme.
La tradition relate qu'il a été baptisé par Saint Saturnin alors premier évêque de Toulouse ; il a été martyrisé en 257 en étant attaché à un taureau furieux. La tradition fait souvent l'amalgame entre le martyre de Saint Saturnin et celui de Saint Firmin décapité à Amiens le 25 septembre 303
Lorsque des reliques de Firmin furent transportées à Pampelune en 1196, la ville décida de créer un évènement annuel, mêlant la légende du martyre de Saint Saturnin et de son taureau, à celle de la décapitation de Saint Firmin.
Il s’agit des Fêtes de San Fermín, ou Sanfermines, ce sont des fêtes célébrées chaque année du 6 au 14 juillet, à Pampelune, capitale de la Navarre en Espagne. Elles sont internationalement connues en raison de la tradition qui consiste à lâcher des taureaux qui courent dans les rues étroites et sinueuses de la ville, précédés ou suivis de milliers de personnes. Il est de coutume de considérer ces fêtes comme les 3èmes du monde, en nombre de participants, après le Carnaval de Rio et la Fête de la bière à Munich. On estime à 3 millions le nombre de personnes qui peuplent les rues de la ville pendant neuf jours.
Plusieurs événements marquent les fêtes de San Fermín.
Tout d’abord, le 6 juillet, le Txupinazo ou El Primer Cohete (litteralement « Premier Pétard ») qui marque le coup d’envoie des fêtes. A midi pile, sur la place Consistorial, le conseil municipal apparaît au balcon de la mairie et ouvre officiellement les fêtes de Saint Firmín en prononçant la fameuse phrase : « Pamploneses, Pamplonesas, Viva San Fermín, Gora San Fermín » que la foule rassemblée sur la place reprend en cœur. Le premier pétard est alors et tout le monde noud autour de son cou le foulard rouge qui complète la tenue blanche cernée d’une ceinture rouge. Ce foulard rouge noué autour du cou des participants à ces fêtes est censé rappeler la décapitation de saint Firmin à Amiens.
A 16h30, vient la cérémonie appelée le Riau-Riau. A l’origine, cette manifestation consistait à ralentir le cortège des autorités municipales et ecclésiastiques qui se rendait depuis la mairie jusqu’à l’église de San Lorenzo pour célébrer la messe en l’honneur de Saint Firmin. Près de 5000 personnes se retrouvaient ainsi sur la Calle Mayor en reprenant sans cesse « el Valls de Astráin », une valse renommée par la suite « Riau-Riau ». Les débordements agressifs qui eurent lieu au fil des ans ont fait qu’aujourd’hui ne reste de cette manifestation que la messe à 20h.
Le 7 juillet, jour du Saint, est le premier jour de corrida, "la Prima". A 10 heures, une procession part de l’église de San Lorenzo et accompagne la statue du saint au travers les rues de la ville avant d'y revenir. Des milliers de personnes viennent se recueillir durant les fêtes.
Du 7 au 14 juillet, un autre moment clé de ces fêtes est l’Encierro. Tous les matins à 8 heures, les taureaux qui seront combattus l’après-midi dans les arènes sont lâchés dans la ville. Des coureurs se retrouvent alors sur ce parcours d’un peu plus de 800 mètres à travers les ruelles du centre jusqu’à la Plaza de Toros et courent devant les taureaux, avec tous les risques que cela sous-entend. L’Encierro est toujours précédé de la prière à San Fermín, récitée au début du parcours dans la Cuesta de Santo Domingo, devant une statue du Saint entourée des foulards des seize peñas de la ville : « A San Fermín pedimos por ser nuestro patrón, nos guíe en el encierro, dándonos su bendición (bis) Viva ! Gora ! ».
Du 7 au 14 juillet, une Corrida a lieu tous les après-midis, à 18h30. La Plaza de toros de Pampelune contient 19.500 places ce qui en fait la deuxième plus vaste d’Espagne après celle de Madrid. Ces corridas appelées Feria del Toro sont organisées par la Casa de Misericordia (La Meca). Il s’agit d’une association caritative en faveur des personnes âgées. La particularité des corridas de Pampelune tient à leur caractère débridé et à l’ambiance, souvent bruyante presque bacchanale, qui y règne alors que les autres corridas se font généralement en silence.
Le jeudi à 23h59 (pas tout à fait minuit) a lieue l’Estruendo, une manifestation de ferveur populaire où plusieurs dizaines de participants munis d’un instrument à percussion défilent à travers la ville, au son assourdissant des grosses caisses et autres tambours.
Le dimanche 13 juillet, six taureaux Miura, les plus gros et les plus rapides taureaux d'Espagne, ont été lâchés dans les rues étroites et envahies par plusieurs milliers de personnes. Ce sont six personnes qui ont été blessées. Selon le gouvernement de Navarre, les six personnes ont été admises dans les deux hôpitaux de Pampelune. Aucune d'elle n'a été encornée. Samedi, cinq personnes avaient déjà été blessées
Le 14 juillet, dernier jour de fête, la même procession qu’au premier jour, appelée La Octava (la Huitième), aura lieu pour saluer une dernière fois le saint.
Enfin, dans la nuit du 14 au 15 juillet, à minuit, a lieu la cérémonie de fermeture des fêtes appelée le Pobre de mí (Pauvre de moi) en raison du chant qu’entament les Pamplonais munis d’une petite bougie : « Pobre de mí, pobre de mí, ya se han acabado las Fiestas de San Fermín ». Cette célébration a lieu sur la place de la mairie où le maire donne son discours de clôture qu’il termine par la phrase : « Ya falta menos para los Sanfermines de 2008. Viva San Fermín, Gora San Fermin. ». C’est alors que les participants retirent leur foulard rouge et qu’un orchestre entame le “Pobre de mí” repris en cœur par la foule.
Ainsi s’achèvent les huit jours de fêtes de San Fermín qui font la renommée de Pampelune et attirent chaque année des milliers de visiteurs sur la côte nord de l’Espagne.
Tous les ans, des personnes sont encornées ou piétinées et 14 décès ont été recensés depuis 1924. Le dernier décès en date est celui d'un Américain de 22 ans. Il remonte à 1995. Celui de cette année ne compte pas. Il s’agis d’un fêtard irlandais de 23 ans mort dimanche dernier, non pas durant un «encierro» mais en tombant d'un mur alors qu'il était ivre.

C’est un peu comme une revanche taurine bien mérité même si l’on déplore cette année le plus grand des carnages avec un tableau de chasse de 45 blessés dont 15 touristes, quatre Américains, trois Britanniques, un Australien, un Danois, un Ghanéen, un Grec, un Sud-Africain, un Roumain, un Sud-Coréen et un Néo-Zélandais.


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