La poule aux egg d’or
L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?
La poule aux oeufs d'or - Jean de la Fontaine
C’est à croire que l’on enseigne plus dans les écoles cette si petite fable pourtant encore tellement actuelle.
Certains pour la contrer, me ressortent la cigale et la fourmi comme si l’une était l’antinomie de l’autre. Comme si l’on pouvait confondre le besogneux et l’avaricieux. Il n’est ici nul question de paresse ou d’irréflexion, uniquement d’avarice. C’est un mal sournois qui fut longtemps assimilé à une qualité. Pourtant tous les bons banquiers vous diront que la cassette d’Arpagon a fondue comme beurre au soleil, d’être resté enfermé à l’abri de toute lumière et de tous travail.
Je peste aujourd’hui contre ceux qui veulent tout et tout de suite de peur que cela leur échappe au point d’en dévorer leur capital et le rendre sans intérêt. Non qu’ils aient le bout des doigts dépensier, ils n’éprouvent rien tant que de posséder, tenir et détenir ; Leurs doigts s’encrochent au moindre profit qui passe au point de s’en rendre ridicule.
Ils me font pitié.
