Coeur de drap
On a tous dans notre boite à souvenirs quelques clichés qui nous évoquent invariablement des instants d’insondable de bonheur. Il ne s’agit pas toujours de situations exceptionnelles ou complexe ; C’est parfois dans le quotidien que l’on reconnaît ces instants magiques, comme suspendus hors du temps et de l’espace, où l’on a l’impression de se mouvoir dans une piscine comme en rêve. Heureux celui qui sait les reconnaître et en apprécier l’irremplaçable qualité pour en savouré le ralentit et éprouver le doux pincement de la nostalgie.
Il y en a un très puissant que notre couple évoque très souvent dans un regard de forte complicité. Nous ne saurions plier un drap ou une housse de couette dans notre petit foyer sans apercevoir l’ombre de notre fils s’en élever après une brusque tension du tissus. Ainsi, face à face, un coin dans chaque main passent, tangibles, une tendre complicité, une vague de plaisir et une bouffée d’adoucissant dans le claquement sec du tissus. Ce bruit est pour nos oreilles comme des rires qui s’envolent les quatre fers en l’air en s’exclamant « encore ». Alors, nous savons penser la même chose au même instant, concentrant hors de toutes autres considérations notre fierté d’avoir su constituer un foyer aimant et équilibré.
Après avoir secoué et tendu ce pauvre lai plus que de nécessaire, nous en rapprochons les bords, comme un beau et bon livre qui se ferme sur une bouffé de satisfaction. Il nous faut parachever notre ouvrage dans un commun rapprochement. Durant toute l’opération, marche nuptiale incluse, nos yeux ne se sont pas quittés.
Comprenez vous combien ce geste par ailleurs fort banal trouve se place ici, un roc au milieu des déchirements et des ravaudages.