Godzilla ?
Matthieu nous avait conseillé d’aller voir Cloverfield, le dernier film de Matt Reeves qui nous avait déjà épaté avec ce magnifique film policier « The Yards ». Mais je dois avouer que je n’étais pas très chaud pour trainer ma Puce à ce que je pensais être une énième version de Godzilla. La jeune génération ne se souvient que de l’excellente version de Roland Emmerich en 1998 avec Jean Réno, mais nous avons vu passer tant de Nanard issu du monstre d’Ishirô Honda que l’on en est un peu saturé. Comme par ailleurs, les critiques semblaient unanimes, nous y sommes allés.
C’était époustouflant.
Les dix premières minutes sont un peu longues. Comme dans la plupart des films catastrophes, on a durant cette période une présentation des personnages et de leurs motivations. Ainsi, nous faisons la connaissance de Rob, interprété par un petit nouveau au charisme prometteur : Michael Stahl-David. C’est un jeune homme qui en acceptant un nouveau poste au japon, abandonne Beth(Odette Yustman) qu’il aime. Son frère Jason(Mike Vogel) et sa copine Lily( Jessica Lucas) ont organisé une party dans son appartement à l’occasion de son départ et ont confié le soin à Hud(T.J.Miller) de filmer la soirée. Timide et peu doué, il est plus attentif aux charmes de Marlenna( Lizzy Caplan) qu’à sa tâche. Nous sommes supposés croire qu’il s’agit de la cassette vidéo ainsi produite que nous voyons. Le côté scénettes caméra au poing d’un néophyte est plutôt rébarbatif durant cette période, voir même gerbant selon l’heure de la séance.
Moralité, vous vous accrochez à un siège qui tangue pour ne pas partir, puis passé ces dix premières minutes, avant même d’avoir aperçu le moindre centimètre carré de la bête, vos doigts sont encastrés dans les accoudoirs et vous ne pouvez plus en déloger. L’absence de cadrage joue alors pleinement son rôle. Votre imagination galope avec les fuyards. Brides abattues, elle s’emballe soutenu par le réalisme d’un pied poussiéreux, une lueur tremblotante, un tressautement de la caméra mais surtout une bande son sans aucun artifice musical. Vous vous identifiez au pauvre Hud ballotté avec sa caméra et sa bande de pote dans une rocambolesque fuite. Vous admirez le courage dont fait preuve Rob en retournant chercher sa belle ou Marlenna mordue par l’horreur.
C’est plus que prenant, c’est dramatique, spectaculaire. On a du mal à imaginer qu’il puisse y avoir derrière cela un metteur en scène, une réalisation et des acteurs tant tout semble si réél. C’est magistral, à ce niveau c’est même de l’art.