Circulez, rien à voir
Certains s’imaginent que vouloir, c’est pouvoir et que ce simple adage les absout de toute autre réflexion. Nous venons de passer 42 minutes infernales, prisonnier de deux mètres carrés certes confortables mais en nous disant que tout de même, le nouveau plan de circulation amiénois est loin de répondre aux exigences du réchauffement climatique.
Il existe à Amiens une sorte de couloir de circulation qui fut autrefois à double sens et qui permet de canaliser la foule matinale qui s’en vient travailler depuis les faubourgs de la ville. Ce couloir se nomme l’anneau vert. Afin de le désengorger, il a été mis en place une série de parkings surveillés à la périphérie de l’agglomération d’où l’on peut prendre le bus. Bien évidemment, ses parkings sont une excellente idée, mais ils ne sont pratiques qu’aux habitants provenant de l’extérieur d’Amiens qui auront pris la précaution de se mettre dans le bon axe avant de pénétrer l’agglomération. C’est quoi, le bon axe me demanderez-vous ? C’est assez simple à comprendre lorsque l’on sait que le centre, le moyeu de la ville est piétonnier de comprendre que pour passer d’un point à un autre de la ville, il s’avère nécessaire de tourner autour de ce moyeu et ce d’aussi loin que l’on provienne. Ce système fonctionne car il y a quatre grands axes qui en rayonnent : La route de Paris, la route d’Abbeville, l’avenue de l’Europe et enfin l’avenue Jules Barni et que ces quatre voies sont émaillées de chemins transversaux qui les relient deux à deux. Pour un hors-muros, il vaut mieux prendre la rocade et faire quelques kilomètres de plus au grand damne de dame nature afin de se retrouver sur la voie de circulation qui dessert le quartier où l’on veut se rendre que de faire l’inverse c’est à dire pénétrer la ville avant d’effectuer la rotation.
Malheureusement pour les intra-muros, c’est le calvaire. La volonté de l’équipe municipale dirigeante est clair, et pour elle, vouloir c’est pouvoir, tout faire pour « Promouvoir le bus ». Comme il devenait urgent de ce préparer aux échéances électorales, ils ont démarrés tous les chantiers en même temps, les couloirs de bus, la verrière de la gare et j’en passe. Mais sans plus de réflexion, je crains qu’elle ne se dirige vers un chaos qu’elle est loin d’imaginer. Déjà, elle avait choisi d’isoler le ghetto de la partie Est de la ville en limitant l’accès à la rue Jules Barni à une voie de circulation, fort heureusement, la rue de Verdun a absorbé le surplus au grand détriment du calme des hortillons et de la tranquillité des riverains.
Voici maintenant que voulant rivaliser avec Mr Delanoë, Gillou (Gilles De Robien pour celles et ceux qui l’ignorent) lance l’alternance. Celle des couloirs de bus larges comme des terrains de football bien sur. Voici la brillante idée d’un spécialiste en assurances automobile : Faire-faire le grand huit aux autobus et tordre le cou à l’anneau vert(idée de la précédente campagne qui elle fonctionnait. Après tout, n’a pas été qui veut ministre des points ronds.).
En quoi cela consiste-t’il ?
L’idée de base est simple : on fait un grand X au milieu de l’anneau vert afin que de petits autobus d’une vingtaine de places puissent traverser le cœur piétonnier de la ville en vingt minutes et ce toutes les six, et permettre à tout un chacun d’aller dépenser sa fortune en soldes chez l’électorat de base. L’idée eut pu être bonne si il n’y avait un petit détail pour gripper la machinerie. Un truc nommé « code de la route » qui gène le trafic de ces petites merveilles roulant au diester. En effet, pour faire un X, on tourne une fois à gauche, une fois à droite et ce, deux fois de suite quelque soit le sens de circulation. Ors, une fois sur deux on doit couper la circulation venant en sens inverse. Ors, comment faire descendre des gens à droite lorsque l’on tourne à gauche. Je vous rappelle qu’il n’y a qu’un seul côté de sortie dans les bus. A ce Kafkaïen problème, la municipalité nous a inventé les « couloirs de bus variables ». Ils sont tantôt à gauche de la circulation lorsqu’il doivent tourner à gauche, tantôt à droite lorsqu’ils doivent déposer leurs malheureux usagers.
Pourquoi malheureux usagers ? Tout simplement parce qu’en cas de bouchon, il est impossible à un bus de passer de la droite vers la gauche ou réciproquement, ors ce n’est plus quatre mais huit fois que ce petit bus doit faire ce manège et le matin, il est loin d’en imposer aux camions de livraison. Le pompon de la pomponnette, c’était ce matin. Afin de faire respecter les couloirs de bus, nos élus (pour l’instant) on cru bon faire appel à la force public en la personne d’un malheureux motard à chaque début de couloir, nous avions donc une voie de bus totalement vide et une voie de circulation tête à cul où il était impossible d’insérer le moindre petit bus (je vous rappelle ses 8 changements de côté), où même les autres bus, ceux rayonnants sur l’extérieur préféraient garder leur place dans la file et faire descendre leurs usagers sur leur voie réservée plutôt que de se rabattre sur le côté. C’est ainsi que nous avons mis 42 minutes pour aller de la maison de la culture à la gare, 42 minutes pendant lesquelles, un seul de ces petits bus à croisé notre route.
Alors un toutes les six minutes, encore une promesse électorale.
Petit aparté : As-tu mis tes dents sous ton oreiller ?