Rue du Faubourg Saint Denis : Les adieux
18 ans, seul à Paris, la liberté. Je n’avais plus qu’une seule contrainte, accompagner mes deux sœurs à la campagne, le samedi pour le week-end. Pas tous les week-end, seulement ceux des périodes scolaires puisqu’elles étaient encore en pension à Saint-Maur des fossés en semaine.
Mes deux mois de travail à la SCSI l’été et mes extras le dimanche m’assurait l’intendance. Moi, je poursuivait mes études, ou plutôt devrais-je dire mes étudiantes avec un énorme avantage de trois pièces.
Oui, mais non.
Je veux parler d’un bel appartement situé à moins de cinq cents mètres des portes de l’école. Une petite cuisine équipée avec un grand frigo, pas tout neuf, mais fonctionnant ; une salle d’eau avec un grand bac de douche et les WC ; mais surtout une grande chambre-salon, tout équipée, d’un grand lit deux places et d’un petit sofa, des fois que mes sœurs soient dans l’obligation d’y dormir.
De quoi discuter, et pour moins cher, entre les cours, se refaire une beauté avant le dernier train de banlieue ou pour dormir chez une copine après une séance de …révision. C’est à cette époque que j’ai découvert que les étudiantes poursuivaient les mêmes recherches sur la même matière de la même façon et que le travail en commun était plus enrichissant que le travail manuel. Je ne promettais rien et n’en attendais pas plus, il y eu d’ailleurs quelques reculades. Je ne m’étais fait qu’une seule règle, une simple : pas le week-end et rarement plus d’une semaine. Elle semblait arranger tout le monde puisqu’elles se passaient le mot et le mode d’emploi : Début de semaine au cinéma et vendredi soir devant la TV.
Malheureusement, il se révéla que cette matière, à l’écrit comme à l’oral est classée coefficient zéro au baccalauréat aussi lors de mon passage, un an et demi plus tard, il me fallut constater quelques lacunes dans mon apprentissage.
La réaction parentale fut rapide et sévère. Rapatriement immédiat dans la Somme et inscription au lycée d’Amiens dans la toute nouvelle filière H.