jeudi, septembre 14, 2006

Pupilles


louche
Originally uploaded by francois et fier de l'Être.


Sérénitude
Originally uploaded by Christine LEBRASSEUR.


Près d'un champ d'orge
Originally uploaded by Christine BONFILS.


J'évoquais hier mes yeux de strabite qui peinent à déchiffrer les codes abscons qui verrouillent l'accès à vos bloguesques commentaires. Mais, savez-vous seulement ce qu'est le strabisme. Les fielleux et pessimistes vous parleront de leur langue mauvaise et vue basse d'œil torve, qui dit merde à l'autre, de mauvais œil, de dix heures dix, ou qui se croisent ; ils évoqueront les crapauds, les merlans frits et tout l'improbable bestiaire par la même occasion. Les gentils optimistes comme moi se contenteront de dire que l'un des deux yeux est plus musclé que l'autre. Il existe deux types de strabisme, le strabisme concomitant et le starbisme incomitant. Dans un strabisme concomitant comme le mien, l'angle de déviation est le même dans toutes les déviations du regard. Le déficit peut se situer dans la partie sensorielle ou dans la partie motrice du système visuel. En l'occurrence, chez moi, il s'agit de la partie motrice. Dans le strabisme incomitant, l'angle de déviation se modifie dans les différentes directions du regard. La cause de ce strabisme est soit une parésie(paralysie partielle) soit une contracture d'un muscle extra-oculaire suite à un traumatisme, une inflammation ou des modifications dégénératives. Il se développe une position de tête compensatrice, pour permettre une vision stéréoscopique.
Un strabisme convergent permanent comme le mien entraîne une diplopie : l'enfant voit double.
Pour remédier à ce handicap sensoriel, le cerveau neutralise (il l'«ignore») plus ou moins l'image fournie par l'un des deux yeux : c'est l'amblyopie. Avec le temps, cette neutralisation permanente va entraîner une amblyopie définitive (à partir de l'âge de 6 ans environ) qui ne sera pas récupérable : l'enfant perd définitivement la vision binoculaire indispensable à la vue tridimensionnelle, ce qui n'est pas mon cas, car j'ai fait partie de ces enfants dépistés suffisamment tôt pour avoir pu bénéficier du secours d'une gymnastique oculaire destinée à rééquilibrer le travail des deux musculatures mises en cause. De nos jours, le traitement est différent puisqu'il fait appel à une intervention chirurgicale, pour de meilleurs résultats, une intervention réalisée au cours des premières années de l'individu.
Si cette opération intervient trop tardivement, il est possible que le cerveau continue à n'utiliser qu'un seul œil pour la vision. L'effet de convergence recherché par l'opération peut aussi disparaître au profit d'une divergence des yeux, entraînant des risques d'infection du coin de l'œil "inactif", plus sensible aux pollens de graminées ou autre, et à l'apparition de rhumes par la suite. Lorsque il est réalisé assez tôt, il est parfaitement efficace et permet de retrouver une vision binoculaire normale.
Mais pour moi, c’est trop tard. Certes, je pourrais si je le souhaitais m’absoudre du port de lunettes correctrices, mais partisans du moindre effort, j’en apprécie le confort. Car c’est un soulagement que de les revêtir et ainsi de ne plus avoir à focaliser constamment ses deux pupilles sur ce que l’on regarde. Ceux qui ont la chance de bénéficier de cet équilibre naturel ne peuvent se rendre compte, combien il est contraignant d’avoir à choisir entre voir une scène et son fantôme ou fournir la concentration nécessaire pour obtenir une parfaite juxtaposition des deux focales. Afin de vous faire une idée de ce calvaire, j’ai « louché » une photo telle que je la verrais au repos. Voilà pourquoi depuis mon plus jeune âge, j’apprécie l’aide fournie par ce discret accessoire de mode.
En vieillissant, j’en viens même à user et non abuser de deux merveilleux artifices, issu de la recherche de pointe dans le domaine de l’optique, pour focaliser toute la beauté du monde. Vous vous demandez sûrement de quoi il s’agit, comment l’on nomme de tels artifices. Ce sont des « Christine », une référence au Christ sans doute.
La première, je l’ai trouvé il y a prés d’un an. Il s’agit d’une pupille grossissante qui permet de voir les petits détails qu’une vue faiblissante commençait à me cacher. La seconde, elle est plus récente et permet de faire ressortir les contrastes et les couleurs des images banales de notre quotidien. De mettre en valeur ou l’accent sur la beauté intrinsèque de ce qui nous entoure. Vous pouvez vous procurer ces prothèses, mes pupilles dans ces deux magasins hautement spécialisés et à faible cout :
-Petits papiers, papiers collés... pour l’infiniment petit.
-Les Cieux Grands Ouverts pour l’infiniment grand.


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