mercredi, août 05, 2009

Bricol' Girls

Avez-vous remarqué messieurs combien ces dames investissent un de nos domaines autrefois réservé : Le bricolage. Je ne parles pas là de la charmante équipe d’Alain Chabbat. Ne voyez aucune allusion grivoise dans mes explications sur le maniement d’un perforateur pneumatique, c’est simplement la narration de mes récents déboires et cette constatation amère : Je ne suis pas un professionnel en ce domaine.

Fort de mon récent succès dans le montage et l’installation de deux meubles de cuisine, j’ai entrepris l’installation d’un meuble haut au dessus des commodités pour le stockage des rouleaux et autres produits sanitaires. Enfin, succès relatif puisqu’il m’a fallut refaire le plan de travail trop court de deux centimètres, mais c’est une autre histoire.

Claudine, sûrement échaudée par mes précédentes expérimentations a souhaité prendre avis auprès de notre belle-fille, cuisiniste de son état qui nous a fourni un devis et des plans pour deux meubles hauts de 40 centimètres de large sur autant de profondeur et 70 centimètres de haut. Elle avait aussi prévu un filler de 4 centimètres puisque mes toilettes font 84 centimètres de large. L’idée était bonne, mais dans un soucis d’économie (surtout financier), j’ai opté pour un meuble de 80 centimètres de large sur 40 de profondeur et soixante dix de haut. Bien centré, je pourrai même me passer du filler (c’est une simple planche destinée à masquer le trou). Bref, deux fois moins cher pour le même effet.

Je monte le meuble, c’est facile, il suffit de faire comme sur les dessins et dans l’ordre. Le plus long c’est de ventiler les vis conformément aux lettres qui leurs sont attribuées. Ils fournissent même une clef octogonale pour les visser. Résultat, il est magnifique, comme au magasin. Je suis aussi fier que l’on peut s’y attendre. Il ne reste plus qu’à accrocher les deux patères sur le mur et l’y suspendre. Et là, c’est le hic ! Ni les vis ni les chevilles ne sont fournies.

Claudine soupçonneuse, s’imagine alors le pire : le meuble qui se décroche, fracassant la faïence en dessous, la chasse d’eau, la toilette, le petit chat qui cache une balayette ainsi que le dérouleur de PQ, l’eau qui s’échappe et envahie l’entrée, la salle saccageant le beau tapis et surtout la cuisine. Enfin, vous imaginez le tableau…

Bref, retour au magasin où une damoiselle aussi frêle qu’un papillon m’explique et me vends des vis de 6 par 40, des chevilles de 8 par 40 et un joli foret à béton, si cher que je me demande si sa pointe est en diamant. Après un savant calcul et quatre croix artistiquement dessinées sur le mur blanc, je chausse ma perceuse du solitaire et grimpé sur la troisième marche du marchepieds, j’attaque. Enfin, j’attaque, c’est une façon de parler car au bout de quelques heures, même si les murs ont des oreilles, la seule chose qui soit percée, ce sont mes tympans. La dépression sur le mur est moins importante que la mienne, à peine un centimètre.

La phalène du rayon bricolage m’avoue enfin que pour le béton vibré, rien ne vaut un perforateur, mais comme elle n’en a plus à louer, il faudrait que je casse ma tirelire. Pour quatre trous, j’hésite… Éventuellement, le mettre sur le coté, de profil. Vous imaginez, 40 centimètres de profondeur sur les quatre-vingt de largeur, plus moyen de se lever des gogues sans se prendre la tête…ne plus pisser debout, c’est pas humain.

Heureusement pour moi, en levant le coude sur le balcon, une des amies de Claudine nous avoue que pour son petit Nöel, elle s’est payée un de ces bel engin pneumatique et toute la panoplie de diams qui va avec.

Le soir même, elle me refile donc une valisette contenant l’engin, le mandrin pour accrocher les forets et une collection de toutes tailles et calibres. Mais, vu l’heure tardive, je remets au lendemain le second assaut.

Arcbouté entre la troisième marche du marchepieds et le mur, j’avais en main le perforateur chaussé du mandrin et de mon foret (Je n’allais tout de même pas lui crapaüter un élément de sa belle collection). Je l’avais bien réglé sur la force et la vitesse maximum. J’attaque. J’attaque, mais je perds, les quatre fers en l’air, les deux épaules à moitiés démises et le cul endolori, mais le mur lui, n’a rien.

Avant le troisième assaut, je prends la précaution de lire le mode d’emploi qui m’apprends que le mandrin ne sert qu’en mode perceuse, car sinon, la force du marteau pneumatique est renvoyée au manche, en l’occurrence, le manche c’est moi.

Troisième assaut donc, toujours arcbouté, mais un pied sur la deuxième et troisième marche, une mèche de même calibre à la place du mandrin et du foret, j’attaque. J’attaque et je n’y vois plus rien. La petite pièce, comme mes yeux, ma bouche et mon nez est envahie d’une poussière fine. La mèche a disparue comme dans du beurre chaud et le trou est deux fois plus long que prévu. En toussant, je réitère plus doucement et c’est fait. Je cheville et visse les patères avant d’aspirer tout du sol au plafond.

Il ne me reste plus qu’à accrocher le meuble et c’est là que l’on mesure l’intérêt d’écouter une professionnelle. En effet, c’est mathématique, pour passer la porte qui ne fait que soixante dix centimètres de large, il faut mettre le meuble de profil, et après, plus moyen de le retourner. La marge de quatre centimètres ne permet pas de passer la diagonale. Plus moyen de le présenter de face. Je dois me rendre à l’évidence, le seul moyen est de le démonter pour le remonter dans les toilettes directement dans le bon sens, d’où les deux meubles de quarante.

Nouveau problème, pas moyen de le monter à même le sol puisque les deux plinthes empêchent d’insérer les vis de quarante millimètres dans les trous prévus à cet effet. Je procède donc au montage depuis la lunette des toilettes en vissant alternativement un coté puis l’autre, à la main et à la pince puisque je n’ai pas la place d’insérer une clef à laine au début.

Lorsqu’il est enfin monté dans les WC, je me suis confronté à un autre problème. Ce genre de meuble est ainsi fait qu’en le faisant glisser de haut en bas, il s’accroche de lui même aux patères. Mais cela suppose que l’on ai prévu assez d’espace entre lui et le plafond pour pouvoir opérer ce mouvement glissant. Hors, comme il devait s’encastrer sous une corniche, le glissement ne m’était pas venu à l’esprit. Le seul moyen de l’accrocher consistait donc ne visser les patères qu’une fois le meuble en place. Je mis donc Claudine à contribution. Elle se tiendrait à cheval sur le siège avec le meuble sur la tête pendant que je revisserai les patères. Je vous passe la phase consistant à faire passer mon épouse de l’autre côté du meuble et le bris du dévidoir de faïence, mais tout est bien qui fini bien, le meuble est accroché tel que nous le désirions.

Moralité, cela me servira de leçon, les femmes bricolent aussi bien si ce n’est mieux que nous, enfin que moi c’est sûr.


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