Du berger à la bergère ...
Voici un petit échange qui a atterri
dans ma boite mail :
Cher collègue,
Se préoccuper de certaines turbulences qu'on a pu observer ces derniers temps au sujet de certaines statistiques émanant de l'Insee est, certes, chose louable.
Quelques observations, toutefois :
1/ ce ne sont pas tant les statistiques relatives à l’échec scolaire des enfants d’immigrés qui ont fait l’objet ces derniers jours d’un débat "public"… que certaines interprétations étonnamment "fantaisistes" qui ont pu en résulter (en l'espèce en très haut lieu).
2/ ce ne sont pas tant statistiques relatives à l’échec scolaire des enfants d’immigrés qui ont fait l’objet ces derniers jours d’un débat "public"… que le mutisme singulier qui en a résulté de la part de l'Institut à l'origine de ces chiffres (thèmes de l'indépendance, de la réelle neutralité, du statut de subordination, etc.)
3/ sans trop s'aventurer sur le fait de savoir si l’Insee a vocation ou non à s’exprimer sur les "interprétations" plus ou moins triviales des données qu’il publie…
sans même trop s'aventurer sur le fait de savoir où se situe la frontière entre prétendue "interprétation" (même triviale) et détournement avéré…
il conviendrait peut-être (?) de s'interroger sur le fait de savoir si l'Insee a vocation à jouer la seule et intégrale politique de l'autruche, quand ses enquêtes sont ainsi caricaturées et falsifiées (surtout en très haut lieu, avec le battage médiatique potentiel qu'on sait). Ce qui, accessoirement, oblige à s'interroger, pour le principe, sur la frontière entre prétendue "neutralité" et respect de ses propres travaux et de ses propres agents.
4/ puisqu'à priori l'on s'y connaît à l'Insee en matière d'enquêtes par sondage, peut-être serait-il judicieux de faire une enquête par tirage aléatoire (pour faire des économies), afin de cerner ce que les (milliers d') agents de l'Insee eux-mêmes pensent du fait d'être ainsi instrumentalisés et incidemment nigaudisés - au-delà de telles ou telles propensions de bon aloi pour manier la langue de bois.
5/ au vu de certaines "interprétations" qui ont ainsi pu être faites quant aux statistiques citées, il semble assez probable qu'il reste encore bien des enquêtes potentielles à entreprendre en matière "d'échec scolaire", y compris selon certaines approches temporelles, longitudinales et trans-générationnelles (…)
Petite piqûre de rappel : http://humeurs-olivem.blogspot.com/2011/06/quand-gueant-imbecilise-les-chiffres-de.html
Juste un avis
Cordialement,
Olivier Montel
Agent de l'Insee
Diffusion générale INSEE
C'était la réponse au message suivant :
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De : Cotis Jean-Philippe
Envoyé :vendredi 24 juin 2011 12:52
À :Diffusion générale INSEE
Objet :Statistiques relatives au taux d’échec scolaire des enfants d’immigrés
Chers collègues,
Les statistiques relatives à l’échec scolaire des enfants d’immigrés ont fait l’objet, ces derniers jours, d’un débat public. Dans ce cadre, des interrogations ont pu naître sur la contribution de l’Insee.
De manière générale, l’Insee n’a pas vocation à s’exprimer sur les interprétations des données qu’il publie. Il a en revanche le devoir de rendre disponible et de faciliter l’accès aux données pertinentes, notamment à la presse.
Au cas d’espèce, ces données n’étaient pas nécessairement faciles d’accès, puisqu’elles remontent à une publication de 2005 intitulée Les immigrés en France (fiche n°3.5, tableau 2).
Dans ce contexte, l’Insee a fait en sorte que tous les journalistes en recherche d’informations sur ce sujet soient systématiquement aiguillés vers cette source statistique, ce qui leur a ainsi permis d’être en information la plus complète possible et de participer au débat en toute connaissance de cause.
Cordialement,
Jean-Philippe Cotis
Directeur général de l’Insee