vendredi, novembre 17, 2006

The love for culture


The love for culture
Originally uploaded by paky.

Il y a quelques jours, j’évoquais Nadia, et j’espères qu’elle me pardonnera de parler encore de nos fredaines adolescentes, mais, j’imagine qu’il y a maintenant prescription. A l’époque, j’étais un de ces élèves qui hésite entre le rôle du cancre et celui de premier de la classe dont chacun louait les possibilités sans que cela ne se reflète au niveau du carnet de notes. Elle, s’était l’inaccessible fille du couple de concierges de la pension sensée mater mon esprit rebelle. Elle constituait aussi, avec les deux filles du directeur, le tiers de l’effectif féminin accessible à ce collège de garçons. La stricte discipline ne s’appliquait pas uniquement dans le port de l’uniforme dont je conserve encore la cravate bleue et rouge en souvenir. Chaque note inférieure à la moyenne entrainait systématiquement une heure de colle par point en moins. Avec une moyenne de deux en allemand, j’y passais mon samedi comme mon dimanche quand ce n’était pas les petites vacances scolaires. De par mon statut d’interne, je me retrouvait bien souvent le seul résident de l’établissement et plutôt que d’y épuiser le corps professoral, on me confiait aux bons soins du couple de gardiens. Nous avions alors Nadia et moi la totalité de ce labyrinthique collège et sa pension comme terrain de jeux et il faut bien l’avouer, ces heures de colle là n’avaient plus rien de rébarbatives. Il me suffisait de jouer sur la règle des coefficients pour atteindre mon double objectif : la moyenne générale et un maximum d’heures de colle. De ce fait, j’avais un statuts un peu bâtard de bon élève à qui l’on peut faire toute confiance et celui de malchanceux perpétuellement collé et dont on ne sait que faire. Aussi, on m’accordait quelques dérogations à la discipline comme le droit de sortir le dimanche après-midi en galante compagnie plutôt que de me laisser seul dans l’établissement désert. Notre chaperon nommée d’office contre son gré était la fille ainé du directeur qui profitait de ces instants pour rejoindre son propre prétendant après nous avoir fait la leçon, nous avions ainsi toutes latitudes pour expérimenter en toute tranquillité. Croyez-moi, à cette époque, pour des jeunes citadins, de telles occasions étaient suffisamment rares pour que nous n’en profitions pas. Je n’étais pourtant pas ce que l’on qualifierait de « beau gosse » ; Petit, chétif et binoclard, j’avais pour seul atout que l’on m’accordait « le bon Dieu sans confession » et j’étais suffisamment malin pour le prendre et en tirer avantage.
Je n’avais nul besoin de vanter mes exploits, il suffisait qu’elle traverse la cour pour me glisser discrètement sous le figuier, un timbre, son buvard ou un mot doux pour que l’imagination de toute la pension m’en glorifie.
La mémoire nous joue d’étranges tours. Je me souviens encore du visage de son père lorsqu’il s’efforçait de me faire prendre goût aux mots croisés qu’en grand cruciverbiste il affectionnait, son visage penché sur moi alors que je m’interrogeait sur ses réactions s’il l’apprenait. Mais, il ne me reste d’elle que des sensations tactiles ou olfactives délétères. Des maillots de bain collants, un pull duveteux, une peau grenue de froid ou lisse et chaude, l’odeur de la javel ou celle du cèdre de ses cheveux.
Je ne peux vous dire comment cette histoire se termine. Nos jeux avait perdu de leur innocence. En avait-elle honte ? Fut-elle déçue ? Un autre a t’il pris ma place ? Mes notes s’améliorèrent, nos regards s’évitaient. Ce n’est pas la vie qui nous a séparée, mais un sentiment de culpabilité. Nous étions trop jeunes.


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