Je blasphème...et pourtant...
Si j’en crois mon dictionnaire, le blasphème est une parole qui outrage la ou les divinités, la ou les religions. Comme vous le voyez, rien n’est plus imprécis, ni soumi à interprétations. Comment dans ces conditions ne pas se demander si celui ou celle qui justement interprète la ou les volontés divine ne l’outrage pas ?
Pourquoi ce petit lauis d’introduction me direz-vous ? C’est tout simplement qu’il m’arrive dans la pratique de ma propre religion d’en outrager d’autres et comme je ne connais pas de paroles ou d’actions autre que le silence et l’inaction qui ne soit un outrage à une autre, je m’élève contre la notion même de blasphème. Notion qui dans certains pays est érigée en loi.
Comme de plus, je ne saurai admettre qu’une loi soit imprécise dans sa formulation, et que l’on puisse accuser sans preuve, tout comme le conseil des droits de l’homme lors de sa douzième session, mais aussi l’AED, j’aimerai attirer votre attention sur les violations patentes et systématiques des droits de l’homme du fait de l’existence, de l’application et de l’abus de ladite « loi anti-blasphème» au Pakistan.
Le Code Pénal pakistanais inclut 5 sections appelées communément les lois sur le blasphème. Les sections 295B, 295C, 298A, B et C, sont entrées dans ce Code entre 1980 et 1986, surtout par décrets présidentiels du Gén. Zia Ulhaq. Ces sections du droit pénal affirment protéger l’honneur du Prophète Mohammed, du Saint Coran, des Compagnons et des Femmes du Prophète, tout en excluant les Ahmadis de toute utilisation d’une terminologie et de symboles musulmans, et de toute manifestation de leur foi en tant que musulmans.
Alors que la peine pour des délits dans les sections 298 A, B et C (concernant des insultes contre les Compagnons et les femmes du Prophète Mohammed et imposant les restrictions ci-dessus aux Ahmadis) est l’emprisonnement pour 3 ans plus une amende, la section 295B prévoit la prison à vie et la section 295C (insulte au Prophète Mohammed) prévoit la peine capitale.
Les lois sur le blasphème ne font aucune distinction entre une action intentionnelle et délibérée et une erreur non intentionnelle, laissant ainsi toute latitude à des applications abusives. La formulation ignore également les exceptions importantes qui font partie du droit pénal international telles que les conditions psychologiques de l’accusé ou la conscience des conséquences de ses actes (un mineur, un non croyant et une personne aliénée).
Ces lois ne définissent pas ce qu’on entend par crime d’« insulte » ou la signification de « respect », elles mettent l’accent sur le modus operandi, le mode opératoire de l’offense : écrire, parler, etc.
L’Aide à l’Église en détresse est une association internationale qui soutient les chrétiens partout où ils sont persécutés, refugiés ou menacés. L’AED est présente dans 137 pays. www.aed-france.org
Du 7 juin 2010 au 2 juillet 2010, soit pendant 4 semaines, l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) lance une grande mobilisation online proposant aux internautes de signer une pétition pour l’abolition de la loi pakistanaise anti-blasphème sur http://www.aed-france.org/blaspheme/
Il est très rare que l’AED élève publiquement la voix pour demander l’abolition d’une loi. Mais cette loi qui devrait servir à protéger le sacré est utilisée la plupart du temps pour opprimer et persécuter les minorités religieuses du Pakistan dont les chrétiens.
C’est pourquoi l’AED appelle à l’abolition pure et simple de la loi sur le blasphème. Elle joint ainsi sa voix à celle de l’évêque de Faisalabad, Mgr Joseph Coutts, qui travaille à cette abolition depuis plusieurs années. Elle rejoint également le COE (Conseil Œcuménique des Eglises) dans sa Déclaration sur l’abus de la Loi sur le blasphème et la sécurité des minorités religieuses au Pakistan.
Depuis 1986, les chrétiens minoritaires au Pakistan ont subi de manière croissante des humiliations et des persécutions en raison d’allégations mensongères en vertu de la loi anti-blasphème.