Ma petiote,
Je me suis aperçu de ma lâcheté. Parler de Saxo m’évitais d’aborder des sujets qui me tiennent véritablement à cœur. Toujours cette hésitation lorsqu’il faut dévoiler une part de ce qui est vraiment personnel ; La crainte d’un jugement dont je pensais me foutre totalement. Alors, je me relance…
Claudine, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est « mon bien » le plus cher. Lorsque je dis mon bien, je veux dire un trésor que je cultive et auquel je m’agrippe sans pouvoir la lâcher depuis plus de vingt trois années.
Je me souviens encore des mauvaises langues qui ne voyaient d’elle que son masque de garçon manqué, jean et blouson noir. Elles ne peuvent comme moi conserver le souvenir de ma Miss dans sa jupe de lin fendue à mi-cuisse, de ses bas, voiles fins et doux sous ma main, de ce corsage en soie vierge beige et bleue sur ses seins, de ce parfum frais et fleuri qui s’accorde si bien à son caractère, son goût et sa peau...
J’ai du m’interrompre. Si mes footeux voyaient leur président braire comme une madeleine sur ses souvenirs, lui le plus heureux des hommes. Qui dimanche fêtera son anniversaire de mariage dans ce foyer harmonieux qu’elle a si bien su fabriquer !
Qui a dit qu’une femme est toutes les femmes ? Celui là l’a connue.
Eh merde ! Quel objet, quel symbole vais-je lui offrir qui puisse représenter tout ce qu’elle m’a apporté ? Rien n’est assez vaste.
Je me rappelle encore cet homme qui lors de notre mariage nous avait offert un livre intitulé « notre vie » et dont toutes les pages étaient vierges, combien ce présent m’avait semblé insignifiant auprès de la magnificence des autres. Il ne lui avait suffit que d’une phrase pour transformer cet objet : « Je vous offre vos joies et vos peines ». Il s’est perdu le long de notre chemin, mais nous n’avons pas oublié que c’est à nous de l’écrire.
C’est un cadeau comme celui-ci qu’il me faudrait.
Elle m’en propose avec discrétion, mais j’en ai marre de l’électroménager, elle aussi d’ailleurs, je la connais assez.
Il me reste moins d’une semaine. Quel dilemme !