Mon ménage.

Ah ! Mes enfants, quelle découverte, une révélation !
Je pensais benoîtement comme beaucoup d’ailleurs que la roue, l’ancêtre du ballon, était la plus belle invention de l’Homme pour l’Homme. Hé bien, non ! On nous a menti, par omission mais « menti tout de même », comme disait la dame patronnesse. En vérité, il s’agit là encore d’une de ces cachotteries coutumières de cette engeance qui prône à tour de bras l’extrémisme féministe. L’homme a inventé la plus grande des merveilles de ce monde, mais on la lui cache. C’est d’ailleurs pour rompre ce féminin mystère que je vous en joint une photographie. Vous voudrez bien en excuser le léger flou, il s’agit d’un gros plan.

C’est l’outil universel. Sa simplicité ne reflète pas l’aboutissement de vingt et un siècles de progrès scientifiques dans l’art de broyer du bois. Comment concevoir, à voir, ces fibres broyées, savamment aplaties ou tissées, découpées en un rectangle parfait que sa blancheur sera bientôt émaillée de toutes les conneries qui viennent noircir le fondement et l’âme humaine.

Vendus sous le manteau d’appellations barbares, j’en ai acheté sur les conseilles de ma conspiratrice Dine (elle est "blocée"). Ils ou elles viennent de révolutionner ma vie de célibataire occasionnel. Plus besoin de ces matériels encombrants et dispendieux qui squattent nos placards. Un de ces rectangles de papier et zippe la gangue de crasse s’y dépose et libère l’Homme de toutes les ingratitudes dont la nature l’a recouverte. Si l’influence et la longueur du bras sont insuffisante, on le ou la clipse sur un télescopique manche et adieu la poussière qui recouvre le dessus des meubles.
Attention, cette merveille a ses limites tout de même, et ne peut remplacer l’antique aspirateur pour tout ce qui est céramiques brisées lors de la précédente manipulation. En sus, touche de génie supplémentaire, il en existe des préalablement humidifiées qui rendent obsolètes les seaux et serpillières, tout en rendant à vos carrelages une brillance d’autant plus éclatante que les coins en sont sombres. Il faut juste signaler qu’elles ne doivent pas être utilisées sur le bois ciré de la table basse sauf si l’on y souhaite une décoloration locale, on peut toutefois rattraper son innocente erreur en l’appliquant sur toute la surface afin de donner une uniforme clarté au panneau.
Enfin, la maison respire la propreté piquante et ammoniaquée. Les bibelots sont, soit dépoussiérés, soit recyclés et le centre des surfaces planes brille( sauf la table basse) et l’on ne pourra plus dire que je ne participe pas à ces ménagères tâches dont on grossit tant la réalisation. C’est décidé, demain quoi qu’elle en dise, je fais la lessive.