Le grade et la fonction
Après le faux départ de ce matin, j'avais décidé d'aller faire un tour au bureau histoire de relancer une ou deux applications tombées en rideau suite à la panne de ventilateur de l'un des serveurs. Malheureusement, je n'ai pu travailler que sur une, une alerte incendie nous ayant mis tous à la porte. Un ouvrier qui réparait un ballon d'eau chaude au troisième ayant oublié d'éteindre les alarmes incendie avant de faire usage de son chalumeau. Donc, tant qu'à être dehors, j'ai été boire un café dans un troquet près de la gare, le Marivaux en attendant mon car pour la gare TGV haute-Picardie.
Au moins, je puis maintenant prendre le TGV. Fut un temps pas si lointain où selon le grade et la fonction, vous n'aviez le droit qu'au TER ou au corail. Cela ferait marrer les jeunes mais ces ségrégations dignes de Courteline, j'en ai vécues à mes débuts dans l'administration.
Ainsi, lorsque j'ai débuté, on pouvait jugé le grade et l'utilité d'un fonctionnaire à la taille du plateau de son bureau. Un jeune commis n'avait le droit qu'à un bureau dit « demi-secrétaire », soit un plateau de un mètre dix avec un petit tiroir en dessous. Un contrôleur, se voyait attribué un bureau « secrétaire », c'est à dire, le même plateau avec un caisson en dessous. Un attaché pouvait se vanter d'avoir un bureau « demi-ministre », c'était un bureau d'au moins un mètre trente avec un caisson, tandis qu'un administrateur avait le droit au « ministre », le même avec deux caissons.
Il faut dire qu'en ces temps là, le grade avait beaucoup plus d'importance que la fonction. Lorsque je me suis retrouvé jeune contrôleur tout frais émoulu de l'école, je me suis retrouvé affecté dans un bureau spécialisé dans le « quart ». C'était fin 1982, le recensement de la population venait d'avoir lieu et il s'agissait d'extraire un bulletin sur quatre afin d'affiner nos statistiques. Il suffisait ensuite de multiplier les résultats par quatre pour avoir une à peu près bonne estimation. C'est ainsi que certaines petites communes se retrouvaient avec quatre curés alors que d'autre n'en avaient pas mais l'erreur statistique est une autre histoire. Pour en revenir à mon ancienne affectation, je me retrouvait comme un con à devoir diriger une dizaine de personne. Le boulot en lui même n'était pas compliqué, il suffisait de savoir compter jusque trois. Un, deux, trois et je sort la fiche du dossier.
Ce qui m'a alors frappé c'est la hiérarchie. J'avais non seulement droit à un bureau « secrétaire » avec un caisson vide puisque pour mon travail, je n'avait besoin que d'un crayon de bois pour calculer le total des feuilles tirées et le communiquer à mon supérieur qui lui était habilité à calculer le taux d'avancement du tirage. Mais en plus, ce bureau était tourné face à mes employés et juché sur une petite estrade de bois d'environ une quinzaine de centimètres. Mais le croyez vous, j'avais à mes pieds une « agent administrative principale » elle même tournée vers les autres et je ne devais leur adresser la parole que par son intermédiaire. Cela donnait une situation qui eu été comique si elle relevait de la fiction : Mme Dugomier pouvez vous demander à Mr Truc combien il a tiré de personnes ?
Si j'avais voulu faire les choses dans les règles, j'aurai du me plier à cette façon de procéder, toutefois, un peu rebelle, j'avais décidé plutôt que de me faire chier toute la sainte journée de procéder moi même à quelques tirages. Vous n'imaginez pas quelle révolution c'était. La mère Dugomier ne pouvait plus me voir en peinture et faisait tout pour rétablir son semblant d'autorité. Pour rien au monde, elle ne se serait abaissée à faire le boulot d'un commis.
Vous vous imaginez surement qu'avec les bons résultats du taux d'avancement ma hiérarchie était satisfaite ? Que nenni, au bout de deux ou trois jour de ce traitement, j'eus le droit à un beau sermon, j'enlevais le travail des vacataires et chargés de mission qui n'avaient pas la chance d'être fonctionnaires.
P.S. : Arrivé à Libourne à 18H37 suite à l'alerte à la bombe.
Au moins, je puis maintenant prendre le TGV. Fut un temps pas si lointain où selon le grade et la fonction, vous n'aviez le droit qu'au TER ou au corail. Cela ferait marrer les jeunes mais ces ségrégations dignes de Courteline, j'en ai vécues à mes débuts dans l'administration.
Ainsi, lorsque j'ai débuté, on pouvait jugé le grade et l'utilité d'un fonctionnaire à la taille du plateau de son bureau. Un jeune commis n'avait le droit qu'à un bureau dit « demi-secrétaire », soit un plateau de un mètre dix avec un petit tiroir en dessous. Un contrôleur, se voyait attribué un bureau « secrétaire », c'est à dire, le même plateau avec un caisson en dessous. Un attaché pouvait se vanter d'avoir un bureau « demi-ministre », c'était un bureau d'au moins un mètre trente avec un caisson, tandis qu'un administrateur avait le droit au « ministre », le même avec deux caissons.
Il faut dire qu'en ces temps là, le grade avait beaucoup plus d'importance que la fonction. Lorsque je me suis retrouvé jeune contrôleur tout frais émoulu de l'école, je me suis retrouvé affecté dans un bureau spécialisé dans le « quart ». C'était fin 1982, le recensement de la population venait d'avoir lieu et il s'agissait d'extraire un bulletin sur quatre afin d'affiner nos statistiques. Il suffisait ensuite de multiplier les résultats par quatre pour avoir une à peu près bonne estimation. C'est ainsi que certaines petites communes se retrouvaient avec quatre curés alors que d'autre n'en avaient pas mais l'erreur statistique est une autre histoire. Pour en revenir à mon ancienne affectation, je me retrouvait comme un con à devoir diriger une dizaine de personne. Le boulot en lui même n'était pas compliqué, il suffisait de savoir compter jusque trois. Un, deux, trois et je sort la fiche du dossier.
Ce qui m'a alors frappé c'est la hiérarchie. J'avais non seulement droit à un bureau « secrétaire » avec un caisson vide puisque pour mon travail, je n'avait besoin que d'un crayon de bois pour calculer le total des feuilles tirées et le communiquer à mon supérieur qui lui était habilité à calculer le taux d'avancement du tirage. Mais en plus, ce bureau était tourné face à mes employés et juché sur une petite estrade de bois d'environ une quinzaine de centimètres. Mais le croyez vous, j'avais à mes pieds une « agent administrative principale » elle même tournée vers les autres et je ne devais leur adresser la parole que par son intermédiaire. Cela donnait une situation qui eu été comique si elle relevait de la fiction : Mme Dugomier pouvez vous demander à Mr Truc combien il a tiré de personnes ?
Si j'avais voulu faire les choses dans les règles, j'aurai du me plier à cette façon de procéder, toutefois, un peu rebelle, j'avais décidé plutôt que de me faire chier toute la sainte journée de procéder moi même à quelques tirages. Vous n'imaginez pas quelle révolution c'était. La mère Dugomier ne pouvait plus me voir en peinture et faisait tout pour rétablir son semblant d'autorité. Pour rien au monde, elle ne se serait abaissée à faire le boulot d'un commis.
Vous vous imaginez surement qu'avec les bons résultats du taux d'avancement ma hiérarchie était satisfaite ? Que nenni, au bout de deux ou trois jour de ce traitement, j'eus le droit à un beau sermon, j'enlevais le travail des vacataires et chargés de mission qui n'avaient pas la chance d'être fonctionnaires.
P.S. : Arrivé à Libourne à 18H37 suite à l'alerte à la bombe.