lundi, janvier 16, 2006

Lezarde

Comme je vous le disais, j’ai sur l’art des conceptions qui peuvent choquer. Je n’ai jamais considéré une œuvre comme artistique sans l’avoir au préalable soumise à ma propre critique. Ainsi dans le domaine de la sculpture, le sujet du présent post, beaucoup de ces œuvres n’ont jamais eu à mes yeux grâce. Certes, je veux bien reconnaître à certaine une qualité de fabrication digne d’un maître, mais si l’originalité de la représentation ne m’émeut pas, je ne lui attribuerai pas l’adjectif.

Comme beaucoup d’élèves parisiens, j’ai été traîné contre mon gré, au Louvre dans l’espoir de me voir m’extasier devant un morceau de pierre finement et délicatement taillé. La Vénus de Milo par exemple, n’a jamais pu m’émouvoir, elle représente pour moi qu’une pâle copie de ce que la nature nous permet d’admirer. Certes, elle a du représenter énormément de travail à son créateur, mais l’on ne peut dire qu’il ait fait preuve de création. Elle n’a pas même l’avantage d’avoir pu traverser les siècles sans souffrance. Il n’en va pas de même par contre de la Victoire de Samothrace dont les ailles, le drapé et la position évoquent admirablement l’envolée extatique de la victoire. Je vous parle ici de deux œuvres bien connues afin que vous compreniez ce qui motive mes choix.


Rien ne m’a plus ému étant jeune que la découverte de la « muse endormie » de Constantin Brancusi si ce n’est le phoque du même auteur. Mes amis se moquaient de ce qu’ils qualifiaient de stupides galets, sans se rendre compte que peut m’importait le support, c’était le concept qui me bouleversait. Cette tête rêveuse se berçant elle même au grès de la musique marine qu’elle est seule à entendre, cet autre bloc de pierre bleuté, veiné de la mer, dont la forme évoque la rapidité de la progressions dans le milieu aquatique. Seul m’importait le processus de pensée qui avait abouti à un dépouillement tel que l’œuvre en est universelle.
Depuis j'ai découvert d'autres créateurs...
La dernière oeuvre m'ayant émue, trône au musée des beaux arts de Reims. Si vous entrez comme moi dans la salle des modernes au rez de chaussé à droite, vous verrez une planche d'ébéne male équarie. Au premier regard, elle n'offre aucun interet, les veines du bois sont à peine esquissées noires sur noir. Mais, lorsque vous passerez le long, vous pourrez voir son listel (sa tranche, son profil). Il est légerement irrégulier, pas d'arêtes ni de tranchant, que des courbes sur 5 centimetres d'épaisseurs. Celles ci alliées au dessin des veines, transforme cette planche à pain de Nubie en une déesse africaine voillée, et l'on ne peut s'empecher de tourner autour, le garage à mouche ouvert. Je fut tellement surpris que je n'ai regardé ni le nom de l'auteur, ni le nom de l'oeuvre. Mais j'y retournerai, c'est sûr.


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