Lezards
Je vais inaugurer une série de posts à thème dont voici l'ouverture.
Je l'ai appelé "Lezards" en mémoire de mon frère aujourd'hui disparut. Il était de quatre ans mon ainé et jusqu'a ce marquant souvenir, j'avais en sa parole une confiance absolue. J'étais à l'époque en maternelle à Courlon sur Yonne et comme il se doit, béat d'admiration face à notre enseignante.
Pour clore l’année scolaire, il était coutumier d’offrir un présent à celle qui vous avait supporté. Je vous laisse imaginer les deux bambins marchant d’un pas léger et de concert sur le chemin qui les mènerait à l’école le jour de la quille, portant fièrement chacun la plus jolie et parfaite des pommes rouges du jardin de Grand-père. Il faut avouer qu’a l’époque, plus soucieux des colonnes vertébrales, les ardoises et craies stagnaient la nuit sous les pupitres. Le soleil d’été naissant réchauffait déjà les pierres disjointes que nous longions lorsque le regard de mon aîné fut attiré par le mouvement furtif d’un de ces petits lézards gris qui peuplaient le muret.
Nous ne réalisions pas le sadisme de nos actes lorsque, par jeu, nous attrapions d’un mouvement rapide la queue détachable de ces petits ovariens. Car tel n’était pas notre but, nous visions la suprême célérité du mouvement en tentant de nous les accaparer. Ors, ce jour là, je fus le plus rapide et je sentais entre mes petites mains remuer tout le corps d’un petit lézard. Ma jouissance fut atténuée par l’impossibilité devant laquelle je me trouvais de conserver par de vers moi la preuve de ma réussite et de tenir le présent que j’avais à offrir.
Mon frère me proposa d’user de mon mouchoir comme d’une aumônière pour y enfermer ma prise. Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Lorsque nous cheminâmes à nouveau, je portais la pomme d’une main et dans l’autre un pochon fermé d’une feuille de graminée qui devais m’apporter l’admiration de toute la cour de récréation. Il m’expliquât combien un tel trésor obtenu par ma seule habileté, satisferait ma maîtresse bien plus qu’un cageot de pommes aussi belles soient-elles et me convint de partager le fruit à nos insatiables appétits. C’est à demi repus que nous atteignîmes l’autel de l’enseignement et que fier comme un pape fraîchement élu que je disposais sur le pupitre ma bourse. C’est avec le même cérémonial qu’elle entreprit de dénouer le lien végétal qui cachait le contenu inerte d’un si mystérieux présent.
C’est alors qu’elle reculait horrifiée par la charge preste du si petit ophidien. Son cri anéantissant ma joie et la confiance que j’eus pu avoir dans les raisonnements de mes aînés.
Même si le spectacle offert par mon cadeau eut sur la maîtresse et la classe les mêmes conséquences, je pris conscience que les causes n’étaient pas celles que j’avais supputées. Là où j’espérais de l’admiration, je ne récoltais que des rires.
Ce fut pour moi une belle leçon dont je retiens encore qu’il ne faut pas tenir pour acquit un raisonnement fait par un tiers.
Depuis, j’ai tendance à remettre en cause ce que l’on tient pour sûr. Cette longue introduction vous explique pourquoi j’ai conçu au fil des années ma propre interprétation de ce qui est habituellement perçu comme de l’art. Vous verrez donc fleurir sur ce blog quelques pages intitulées Lézard où j’exposerai ma propre conception de lard.
Nous ne réalisions pas le sadisme de nos actes lorsque, par jeu, nous attrapions d’un mouvement rapide la queue détachable de ces petits ovariens. Car tel n’était pas notre but, nous visions la suprême célérité du mouvement en tentant de nous les accaparer. Ors, ce jour là, je fus le plus rapide et je sentais entre mes petites mains remuer tout le corps d’un petit lézard. Ma jouissance fut atténuée par l’impossibilité devant laquelle je me trouvais de conserver par de vers moi la preuve de ma réussite et de tenir le présent que j’avais à offrir.
Mon frère me proposa d’user de mon mouchoir comme d’une aumônière pour y enfermer ma prise. Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Lorsque nous cheminâmes à nouveau, je portais la pomme d’une main et dans l’autre un pochon fermé d’une feuille de graminée qui devais m’apporter l’admiration de toute la cour de récréation. Il m’expliquât combien un tel trésor obtenu par ma seule habileté, satisferait ma maîtresse bien plus qu’un cageot de pommes aussi belles soient-elles et me convint de partager le fruit à nos insatiables appétits. C’est à demi repus que nous atteignîmes l’autel de l’enseignement et que fier comme un pape fraîchement élu que je disposais sur le pupitre ma bourse. C’est avec le même cérémonial qu’elle entreprit de dénouer le lien végétal qui cachait le contenu inerte d’un si mystérieux présent.
C’est alors qu’elle reculait horrifiée par la charge preste du si petit ophidien. Son cri anéantissant ma joie et la confiance que j’eus pu avoir dans les raisonnements de mes aînés.
Même si le spectacle offert par mon cadeau eut sur la maîtresse et la classe les mêmes conséquences, je pris conscience que les causes n’étaient pas celles que j’avais supputées. Là où j’espérais de l’admiration, je ne récoltais que des rires.
Ce fut pour moi une belle leçon dont je retiens encore qu’il ne faut pas tenir pour acquit un raisonnement fait par un tiers.
Depuis, j’ai tendance à remettre en cause ce que l’on tient pour sûr. Cette longue introduction vous explique pourquoi j’ai conçu au fil des années ma propre interprétation de ce qui est habituellement perçu comme de l’art. Vous verrez donc fleurir sur ce blog quelques pages intitulées Lézard où j’exposerai ma propre conception de lard.