Conflans
Le vendredi soir, vu l’état du genou de la Miss, opérée du ménisque une semaine auparavant, nous avons délibérément choisi d’ignorer les pistes encore enneigées (soixante centimètres au bas des pistes tout de même), pour profiter de la renaissance de la verdure et la floraison explosive des premières et chaudes journées printanières sur les flans ensoleillés des monts, pics et aiguilles.
Sur les conseils avisés du GPS, nous avons quitté les hauteurs pour la vallée et Albertville afin d’y visiter non loin, le petit village de Conflans qui le surplombe.
Nous nous demandions en arrivant sur le parking, si nous avions fait là le bon choix. Non que la vue depuis chacun des paliers de l’immense escalier d’accès ne valle pas le coup d’œil, mais nous étions loin d’imaginer que ce nid d’aigle se révélerait aussi difficile d’accès. Situé en espalier le long de la paroi au dessus de la ville d’Albertville, c’est un charmant petit village typiquement savoyard.
Ceint d’un long mur ou par les contreforts naturels, on y accède par une large porte à deux battants qui s’ouvrent sur une fontaine de pierre d’où s’écoule une eau fraiche et limpide et qui devait permettre les ablutions des troupeaux. Cela semble d’ailleurs être un élément récurrent de l’urbanisme savoyard. De telles fontaines de pierres surmontées d’une tuyauterie fine ont toutes la même architecture.
Après quelques ruelles fort escarpées, nous sommes arrivé à une longue et large place rectangulaire. Les échoppes présentent sur le pourtour affichaient en sus de leur enseigne un charmant mélange de vétusté mêlée de modernité qui donne à l’ensemble un cachet qui justifie à lui seul le caractère touristique signalé par le GPS.
Nous y avons fait escale pour un rafraichissement à l’une des terrasses, baignés de soleil et ivre des rires de quelques enfants profitant de tant d’espace pour jouer sous la surveillance discrète de leur parents, rassurés par l’absence de véhicules.
Une fois reposés, nous avons continué l’ascension vers le jardin publique en faisant au passage une escale aux toilettes publiques, remarquablement propres. Ce jardin se décline en deux espaces reliés par un escalier de pierre. Le plus bas est ceinturé d’une poignée d’arbres ancestraux y apportant une ombre et une fraicheur propice au recueillement. Il offre sur l’un des cotés une vue sur le bas village et son étagement. Le second, plus ordonné s’apparente à la cour carrée d’un cloitre. Il y courre une pergola plantée de rosiers grimpants, de vignes et de clématites, qui à la belle saison doit abriter le promeneur d’un toit de verdure. Il embaume du doucereux parfum de quelques magnolias en fleurs et offre une vue des plus splendide sur la lointaine vallée industrieuse et bouillante mais aussi sur les calmes et reposants sommets qui l’entourent.
Nous avons bien tenté de monter plus haut, vers l’église et autres édifices religieux, mais face à ce défi, nous avons préféré regarder non pas le coucher du soleil, mais la progression de l’ombre sur la blancheur des neiges éternelles, alors que le ciel s’empourprait, depuis l’un des bancs mis à notre disposition.
C’est un instant rare et magique que de voir ainsi se mouvoir une inexorable vague de nuit. Je pensais alors à la chanson du grand Louis Amstrong : « And i think to myself… ».