Le plus bel âge
Ce week-end, j’ai reçu la visite de ma sœur Fabienne que j’ai toujours autant de plaisir à retrouver. Je n’ose évoquer, par pudeur, avec elle le temps des 2F4 dont je signe encore mes photos. C’était il y a presque quarante ans…
Enfin, bref. Tandis qu’elle faisait défiler sur son APN les dernières tranches de vie de la famille, parmi les clichés de mes nièces, mes filleules, mes parents, j’ai reçu un gros choc. Un de ces coup au cœur qui vous laisse sonné, pantelant. Il y avait parmi les clichés une photographie d’elle et de mon autre sœur, Nadine.
Si elle n’en avait décliné l’identité, je ne l’aurai pas reconnue.
Cela fait plus de vingt ans que pour des broutilles nous nous ignorons, plus de vingt ans que jamais mon regard n’a croisé le sien. Le choc fut d’autant plus grand que dernièrement, lorsque Papy s’est retrouvé à l’hôpital, j’étais passé par elle pour avoir de ses nouvelles et qu’alors, sa voix m’avait semblé aussi familière que jadis.
Comment puis-je encore maintenant associer cette grande femme blonde au regard sévère et aux traits saillants avec ma plus jeune sœur, la petite boulotte enjouée qui pose en première communiante sur la commode de mes parents.
J’ai l’impression de receler tout à coup un gouffre au moins aussi grand que ce trajet qu’a du parcourir l’une pour devenir l’autre.
C’est une sensation que j’ai déjà côtoyée. Il y a quelques temps, je suis tombé sur un photomaton en noir et blanc, une photo d’identité accolée au nom d’un ancien ami, perdu de vu depuis là encore vingt ans. Sur le coup, je pensais qu’il s’agissait d’un homonyme mais entre le crane dégarni et les yeux tristes, un reste de souvenir, la forme du visage peut-être …
Vingt ans …