Olympia
Vingt sept ans, Dieu, vingt sept années, vingt sept ans passés, écoulés déjà entre ces deux tours de chant. La façade aux lettres rouges au fronton de l’Olympia, je revois comme à l’écran défiler cette journée d’il y a vingt sept années, où pour épater ma miss, je la trainais à Paris.
Je m’étais arrangé avec Monsieur et Madame Puché, les amis de mes parents pour qu’ils aillent nous chercher des billets d’entrée bien placés pour le palais des congrès. Ils ne connaissaient pas encore Claudine. Ils savaient comme tous le monde que nous vivions dans le pêché depuis quelque temps et se sentaient pressés de connaître la puce. Aussi, plutôt que de confier au facteur le soin de nous apporter les billets, avions nous convenu d’une rencontre à leur domicile.
Nous étions dans l’obligation de prendre le train puisque ni l’un ni l’autre n’avions le permis de conduire. Malheureusement, à l’époque, le dimanche, il n’y avait pas beaucoup de trains de programmés. Aussi pour être sûr d’arriver à l’heure au spectacle, devions nous prendre le train de bonne heure.
Vous connaissez les femmes ? Nous n’étions pas depuis plus de dix minutes dans leur appartement du boulevard Mac Donald qu’il faisait plus frais que dans un congélateur. Yvonne n’adressait la parole qu’à moi. Dédaignant la puce qui comme à son habitude se retrancha dans un silence lourd.
Lorsque nous primes nos places pour monter dans l’autobus de la petite couronne, nous dîmes un « au revoir » qui sonnait comme un adieu. Nous ne l’avons plus jamais revu.
Nous avons, comme nous avions à l’époque passé une bonne, une excellente soirée. Claudine était heureuse, aussi heureuse que ce soir. C’est une grande Fan.
Par contre, dès le lendemain, je me souviens que Mamie m’a appelé, affolée, le compte rendu, la description que son amie lui avait faite concernant ma dernière conquête était désastreux. A l’entendre, Claudine était « Un garçon manqué », « un vrai blouson noir ».
Tout cela parce que pour être plus à l’aise et comme nous ne savions le temps qu’il ferait, elle s’était mise en jeans et sur son chemisier avait enfiler un blouson de cuir noir. Je vous rassure, ce n’était pas le style clouté ou motard mais plutôt un spencer souple comme on en faisait à l’époque.
Mamie, comme beaucoup d’autres pensait que cela ne durerait pas. Ils ne connaissait Claudine que superficiellement, ne connaissaient, ni son caractère, ni ses qualités.