Bébé, un biberon au bisphénol ?
Aujourd’hui, la quasi-totalité de la population est contaminée par le Bisphenol A à son insu. Ce n´est pas un poison violent, il ne foudroie pas ses victimes, qui dans un premier temps n’éprouvent pas de gène et ne souffrent d’aucune maladie.
Et pourtant, on observe que des cellules humaines en culture et exposées au BPA se révoltent. Les outils dont elles disposent pour résister au stress, pour éviter de devenir cancéreuses, pour bien communiquer avec leurs voisines deviennent inopérants (effet perturbateur endocrinien sur la reproduction, implications dans les cancers du sein et de la prostate, dans certaines pathologies cardiovasculaires, de la thyroïde et l’obésité).
Bien peu se sentent concernés mais ces BPA se retrouve partout autour de nous. Le bisphènol A est utilisé à l'heure actuelle comme monomère pour la fabrication par polymérisation de plastiques de type polycarbonate et de résines époxy. Il est également utilisé comme antioxydant dans les plastifiants et le PVC, et comme inhibiteur de polymérisation dans le PVC. Ces polycarbonates sont très largement utilisés dans des produits de consommation courants depuis les lunettes de soleil aux DVD et CDs jusqu'aux récipients pour l'eau et la nourriture. En France en 2008, ils sont présents dans 90% des biberons7. Certains polymères (résine d'obturation ou résine « composite ») utilisés pour les soins dentaires contiennent également du bisphénol A8. Les résines contenant du bisphénol A sont très utilisées comme revêtement intérieur des boîtes de conserves.
En 2007, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) notait en conclusion de son rapport sur le Bisphénol A, sa présence dans les canalisations de transport de l'eau potable et les conteneurs. Elle préconisait que des études soient menées sur la possible propagation de cette substance dans l'eau. L’EFSA fixa alors la dose journalière admissible (DJA) à 0,05 milligrammes/kg de poids corporel pour cette substance.
Dans un communiqué du 13 novembre 2008, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) s'est alignée sur les conclusions de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) selon lesquelles l'exposition des nourrissons au Bisphénol A est largement inférieure à la dose journalière tolérable (DJT) et ce, même en cas de chauffage au micro-ondes27. Quelques jours plus tard, le Canard enchaîné dénonçait un conflit d'intérêt en faisant remarquer que de nombreux membres du comité d'experts de l'Afssa étaient également employés par l'industrie du plastique28.
Début 2009, la polémique enfle. En France, le Réseau environnement santé (RES), qui regroupe associations, ONG et scientifiques, demande aussi «l'interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires». Aux États-Unis comme en France, un certain nombre de fabricants annoncent qu'ils proposent ou vont proposer des biberons « garantis sans Bisphénol A29. »
Mi 2009, La société internationale d’endocrinologie a de nouveau alerté lors de son colloque annuel (10 juin 2009) sur cette question (effet perturbateur endocrinien sur la reproduction, implications dans les cancers du sein et de la prostate, dans certaines pathologies cardiovasculaires, de la thyroïde et l’obésité). Elle a appelé à réduire l’exposition de la population à ces molécules, au nom du principe de précaution. Elle a publié une «déclaration scientifique» 30,31 dans la revue Endocrine Reviews. La déclaration juge le problème préoccupant, et appelle à renforcer la recherche.
Le BPA n'existe pas dans la nature. C'est une substance chimique fabriquée facilement (phénol + acétone). L'une des plus produites au monde : 3 milliards de kilos par an... soit environ 500g par habitant de la planète, en moyenne! Aujourd’hui, la quasi-totalité de la population est contaminée par le Bisphenol A à son insu (on peut le détecter dans le sang ou les urines)1-6. Ce n'est pas un poison violent, il ne foudroie pas ses victimes, qui dans un premier temps n’éprouvent pas de gène et ne souffrent d’aucune maladie. Et pourtant...
Il faut agir :
- Appliquer le principe de précaution : utiliser des biberons en verre, ne jamais consommer un aliment ou boire une boisson qui a séjourné dans un récipient en plastique (barquette, bouteille, boîte de conserve tapissée de plastique…) exposé au soleil, éviter de chauffer les aliments dans leur emballage, préférer les boissons en bouteille de verre, retrouver le goût de faire la cuisine à partir d'aliments frais plutôt qu’à partir de conserves...
- Intervenir auprès des responsables de crèches (municipales en particulier), des cantines scolaires ou du lieu de travail, pour attirer leur attention sur les risques du Bisphénol A.
- Faire part de vos réserves concernant le Bisphénol A dans les emballages aux responsables de vos commerces d’approvisionnement alimentaire.
- Demander à vos élus locaux, départementaux, régionaux ou nationaux d’intervenir auprès des autorités pour mettre sans délai les enfants et les femmes enceintes à l’abri de cette substance, en attendant d’en protéger toute la population
- Ecrire au Ministre de la Santé, de la Consommation, de l’Environnement dans le même but.
- Demander au Ministre de la Recherche de lancer une étude sérieuse sur les effets biologiques du Bisphénol A chez l’homme. Les outils et méthodes modernes à cette fin ne manquent pas (toxicogénomique par exemple).