mercredi, octobre 21, 2009

Tueurs

cygneL’enfer est pavé de bonnes intentions, c’est ce que l’on m’a toujours dit mais jamais, au grand jamais, je n’aurai imaginé que je passais mon temps, régulièrement, chaque semaine à vrai dire, et ce depuis plus de dix ans, à tuer des mignons petits canards et de majestueux cygnes. Il y avait bien un panonceau qui l’interdisait mais je pensais qu’ils ne voulaient pas que l’on souille leur étang.

C’est alors que je m’attaquait à ceux de l’étang de Camon, que je suis tombé par hasard sur une affiche expliquant les causes du botulisme hydrique. De mes souvenirs d’école, il me restait que le botulisme était lié à la consommation de conserves mal stérilisées ou abimées. De mon temps, on apprenais aux élèves à se méfier du saturnisme ou du botulisme comme de l’alcoolisme ou des addictions à la colle néoprène, mais c’est une autre histoire.

Bref, j’ai appris par ce panneau que chez les animaux, le botulisme était rarement causé par les conserves de légumes mais plutôt par la consommation de cadavres en décomposition. C’est une maladie qui atteint le système nerveux et provient d’un empoisonnement du à la toxine issue d’une bactérie, la Clostridium botulinum. Elle paralyse les muscles moteurs, respiratoires ou viscéraux.

Ors, cette saloperie prolifère aussi dans le pain qui traine à même le trottoir ou qui moisi au bord des étangs. En plus, ce pain flottant attire les rats vecteurs principaux de cette bactérie. Elle affecte principalement les oiseaux, et surtout les oiseaux d'eau.

Depuis les années 1980, époque à laquelle elle a été détectée en France, elle a provoqué des épisodes de mortalité massive de plus en plus importants, dans les populations d'anatidés(Oies, cygnes et autres oiseaux palmés). La toxine se propage à partir de l'eau, de la boue et des sédiments des zones humides ainsi qu'à partir des cadavres en décomposition, des organismes vivants et des tissus et déjections provenant des animaux malades ou porteurs sains. Les oiseaux se contaminent généralement en bouffant des insectes, notamment des asticots qui hébergent la toxine.

Et, moi, la dedans, en jetant chaque semaine les restes de pain de la semaine au milieu du petit étang St Pierre, je contribue à répandre cette épizootie. C’est décidé, j’arrête. Je vais faire du pain perdu.


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