Effeuillons la marguerite
Vous avez du remarquer que je vais assez fréquemment au cinéma, une habitude qui m’est restée du temps où à Paris une place coutait 50 centimes, de Francs pas d’euros. Tous les jeudi après midi puis après les mercredi, je me précipitait voir des westerns comme la série des Trinita, de la science fiction avec celle de la planète des singes, un peu d’horreur et beaucoup d’action. Je suis un cinéphage et je sais que si la Miss m’y accompagne, c’est plus pour me faire plaisir que pour le programme. Quand en sus on est l’heureux possesseur d’une carte pass des cinéma Gaumont et que l’on est bien obligé de reconnaitre l’incommensurable indigence des programmes télévisuels, ce quelque soit le nombre de chaines « offerts » par le satellite, on peut se permettre d’aller voir jusqu’à la plus confidentielle des œuvres cinématographiques en exploitation dans l’une des salles de la société. Si en plus le mois de juin se révèle aussi chaud, on aspire à retrouver dans les salles obscure un peu de fraicheur et d’exotisme.
Amiens a toujours eu de beaux cinémas mais souffrait, et souffre toujours, d’un manque de concurrence. Ses principaux cinémas ont toujours été exploité ou sous licence Gaumont. Jusqu’en septembre 2005, deux cinémas, le Paris et le Picardy se partageaient les cinéphiles amiénois, mais à cette date, fut ouvert le complexe Gaumont de 12 salles. Ce complexe, les amiénois l’ont longtemps attendu. Tout le monde ressentait la nécessité de sa création mais sa réalisation dura plus de cinq ans. Il fallut tout d’abord trouver le lieu idoine : On a pensé un temps l’implanter à la périphérie de la ville à côté de l’une des grandes surfaces et des zones d’activités commerciales correspondante mais c’est autant la volonté des amiénois que pour des raisons pratiques(absence de transport en commun le soir et le week-end) que ce choix ne fut pas retenu. Il fallut donc trouver un lieu en centre ville suffisamment vaste pour abriter le complexe et le parking correspondant. On pensa un temps à l’îlot Yvert, en plein centre piétonnier, mais c’est la société Gaumont qui refusa cette solution. En effet, ce faisant, elle prenait le risque que les locaux qu’elle quittait ne fussent repris par la concurrence et ce à deux pas de son nouveau complexe.
Enfin, tout le monde tomba d’accord pour utiliser un lieu en plein essor et en total remaniement. Le quartier de la gare. Il y avait là, l’ancien garage Geudet, relocalisé près du Leclerc de Rivery. Cette îlot devait être refondu en un vaste parc allant de la gare du Nord à la gare St Roch en longeant la ligne de chemin de fer. Il suffisait d’utiliser la partie la plus proche de la gare pour que cela n’ampute que de très peu les autres projets (qui depuis on subit bien des remaniements). Il y eu ensuite des retards dus aux fouilles puis à des infiltrations d’eaux, fuites de gaz enfin bref, les travaux prirent bien du retard.
Les plans de ce multiplexe prévoyaient quinze salles mais furent révisés à la baisse peu avant la construction et du projet initial il ne reste que douze salles soit en fait autant qu’en disposaient les amiénois avant la disparition du Paris et du Picardy. Au moins sont elles toutes sur le même site, car je me souviens de queues interminables du temps de la sortie de « Titanic » qui allaient d’un cinéma à l’autre, longeant les trottoirs de la rue des trois cailloux.
Au niveau architectural, la gageur consistait a supprimer toutes vibrations et toutes ondes sonores en provenance des voies de chemins de fer de la gare mais aussi celles, enterrées, menant à la gare Saint Roch. La société exploitant les deux cinémas Gaumont, Europalaces Picardie confiât donc le problème aux architectes P.Chaix et J.P. Morel a qui l’on devait la toutes récente(1999) réussite du stade de la Licorne dont les immenses parois vitrées et courbées, tout en donnant une impression de légèreté, protègent des intempéries les supporters et du bruit les habitants des environs.
Ils imaginèrent un espace, je cite : « De jour, il se révèle tel un volume flottant aux éclats métalliques ondulants sous la lumière naturelle. De nuit, sa peau devient translucide et laisse percevoir la vie interne du bâtiment. Par transparence, elle crée un jeu de plans, d’ombres et de lumières rythmés. Support de projections, elle offre une nouvelle toile de cinéma à la ville, telle une lanterne magique. ». En effet, ils nous construisirent au dessus d’un parc de stationnement insonorisant(3 niveaux, 500 places) une structure métallique de plus de 8726 mètres carrés qui tel une habitation sur pilotis flotte sur la ville et recouverte de deux voiles métalliques alvéolés et imbriqués, l’un doré et l’autre rouge.
Malheureusement pour ce cabinet d’architecture, il semblerait que la peinture ne résiste pas aux assauts du temps et l’aspect métallique a disparu. Enfin, bref, au niveau architectural, cela donne un bâtiment tout en rondeur et sur pilotis, d’un rose fade le jour et d’un beau rouge la nuit grâce à un néon rouge qui coure au bas de la structure. A son rez-de-chaussée, on trouve outre un vaste hall d’accueil et sept petites salles, un restaurant (le 7ème art). Au premier étage, les cinq autres salles soit en tout 2750 places.
Le grand hall est décoré par le célèbre couturier Christian Lacroix qui a décliné les tons rouges et chaleureux du logo de la société Gaumont, la célèbre marguerite que l’on retrouve non seulement sur la moquette mais aussi dans la forme des canapés tout comme aux plafonds. En effet, de profonds canapés tout comme des poufs sont disposé dans ce grand hall et nous permettent de voir sur de grands téléviseurs les bandes annonces des prochains films à l’affiche. Cet espace recueille parfois des expositions. Il y a là aussi, une large borne où acheter ses billets lorsque l’on ne les prends pas aux bornes automatiques disposées devant les portes d’entrée. Il y a aussi un espace en forme de fer à cheval où choisir ses confiseries avant d’accéder aux différentes salles.
Au rez-de-chaussée donc on trouve les sept premières salles. Le numéro des salles est peint en très grand sur les portes. C’est à l’étage que l’on trouve les plus grandes salles, trois sont dotées d’écrans de plus de vingt mètres carrés adaptés pour la 3D.
Les fauteuils, du moins ceux qui n’ont pas étés vandalisés, sont larges et confortables. Le son est bien balancé et les salles fort agréables. Des emplacements pour handicapés sont prévus, même si ils ne sont pas toujours respectés.
Bref, c’est un lieux fort agréable où le personnel est très aimable et où l’on passe d’excellents moments.