vendredi, décembre 02, 2005

Exemple à ne pas suivre



Durant mon année scolaire 1977-1978, je me suis retrouvé seul dans un petit studio à Paris dans le 10ème arrondissement. C’était l’idéal pour la libido d’un jeune garçon de 17 ans, un peu moins pour la réussite de ses études. J’avais à l’époque plus d’aptitudes à séduire que de cervelle et l’actualité médicale amiénoise me le rappelle.
Je fleuretais une belle rousse de mon age. Pour concrétiser et conclure, j’avais réussi à la convaincre de passer la soirée au cinéma jusqu’après son dernier train et la nuit sur le sofa en tout bien tout honneur. Ni elle ni moi n’envisagions la chose sous cet angle, mais à l’époque, il fallait bien sauver les apparences.
J’emmenais donc ma banlieusarde conquête au « Grand Rex » sur les grands boulevards tout proches. Il s’agissait d’une soirée où pour le prix d’un billet, vous pouviez voir à l’époque trois film sur un thème donné. Ce soir là, le thème en était les « frissons d’horreur ».
Par fanfaronnade, nous avions dîné Rue Mazagran, dans un chinois. Malgré la disparition de mes économies, la soirée débutait agréablement bien. Vautrés dans les fauteuils de cuir sous le ciel étoilé et bercés par la musique des jets d’eau du « Grand Rex », je goûtais avidement à ma victoire.
Premier film, un nanar japonais de première, sans aucun intérêt, plus potache qu’effrayant, me permit de gagner quelques pouces du terrain. Il y était question de jeunes filles étêtées et de fantômes, prétextes à nos gloussements.
Le deuxième film, une histoire américaine de « pilules vertes qui rendaient très méchant » commençait à nous détourner des agrafes aussi rétives que ma donzelle.
Au troisième, nous étions en nage, plus tendus que des cordes de piano, je ne pouvais même effleurer ma voisine. Il s’agissait d’un très bon film, « Les yeux sans visage » de Georges Franju. Bref, j’ai dormi sur le sofa et elle la tête dans les cabinets.


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