Signe extérieur de croyance
Tandis que certains voient dans les signes extérieurs d'appartenance à une religion une insulte à la fois à l'intelligence et à la raison des gens sous le nez desquels ils sont ostensiblement agités, d’autres trouvent un caractère fédérateur à ces icônes et représentations symboliques. Pourtant même les religions dites païennes se sont parées de symboles sur leurs armes, vêtements et bijoux précieux, comme autant d'amulettes magiques renvoyant à la force ou aux pouvoirs de leurs divinités totémiques ou tutélaires. Le sanglier représenté sur les armes d'un guerrier gaulois était censé lui procurer la force de l'animal.
Bien peu toutefois se penchent sur la définition même de la croyance et de la foi car ces symboles n’en sont pas le reflet. Ils ne font que définir, et encore pas toujours, l’appartenance à un groupe ethnique. Le coup du pantalon remonté au dessus du mollet proviendrait de la symbolique de l'esclavagisme. Cela représente l'anneau de fer, attaché à la cheville, qui empêche le pantalon de descendre jusqu'au pied. Voici un symbole qui utilisé hors contexte s’est dévoyé avec le temps et l’espace. Bien sûr, ce symbole n’a rien de religieux même si il lui reste un fond de protestation. Il est toujours bon de se rappeler un peu d’Histoire avec un grand H tant cela permet de relativiser toutes ces querelles de clocher.
Aussi au lieu et place d’une grande déclaration louant la laïcité à la française, la Conférence des responsables de culte en France – la CRCF, récemment créée et contenant des représentants des bouddhistes, des catholiques, des juifs, des musulmans, des orthodoxes et des protestants aurait dû se pencher sur les iniquités du concile de Latran et les distinctions qu’il imposait et malheureusement impose toujours.
Le chapeau juif, connu aussi sous les noms de coiffe juive, Judenhut en allemand et de pileus cornutus (calotte à cornes) en latin, était un chapeau pointu en forme de cône, blanc ou jaune, porté par les Juifs dans l'Europe médiévale et parfois dans le monde islamique. D'abord porté traditionnellement et volontairement1, il fut imposé aux hommes juifs quelques années après le concile de Latran qui exigeait en 1215 que les Juifs soient reconnaissables par leurs vêtements afin de pouvoir les distinguer des chrétiens. L'objectif est d'instaurer ainsi le principe d'une ségrégation forcée. La justification donnée est que: « dans certaines provinces, les habits des Juifs et des Sarrasins se distinguent de ceux des Chrétiens, mais que dans d’autres, un degré de confusion se produit, de sorte qu’ils ne peuvent pas être reconnus par aucune marque distinctive. Comme résultat, par erreur, des Chrétiens ont des rapports sexuels avec des femmes juives ou sarrasines. De façon que le crime d’un tel mélange maudit ne puisse plus avoir d’excuse dans le futur, nous décidons que les Juifs et les Sarrasins des deux sexes, dans toutes les terres chrétiennes, se distinguent eux-mêmes publiquement des autres peuples par leurs habits. ».
Dans le même temps, on amalgame dans le débat sur la laïcité le port du voile, de la burqa, du niqab ou du tchadri qui ne sont que le reflet d’une ségrégation physique entre les hommes et les femmes issue du purdah. La pratique du purdah s'est probablement développée en Perse avant de se répandre dans les pays voisins. Les femmes de l'ancienne Assyrie restaient à l'intérieur, dans la pénombre. Au VIIe siècle, les musulmans conquièrent la Perse et méllent le purdah à leur religion. Avec le temps, les lois associées au purdah se durciront mais à la base, cette pratique est bien laïc et n’a rien à voir avec la religion.
Doit-on ainsi étendre ce débat sur ces pratiques usuelles dont le sens, la forme et la représentation peuvent du jour au lendemain être assimilés à une religion ? Demain interdira t’on les nœuds carrés des scouts francophones sous prétexte qu’ils représentent l’ordre, l’égalité, l’harmonie et la solidarité comme autant de valeurs de la religion animiste ?
C’est aussi selon certain la définition raisonnée de la laïcité.