mercredi, juillet 09, 2008

L'anguille


anguille
Originally uploaded by marcojodice.

En parlant de pêche hier, j’ai omis toute une période de ma vie pour me concentrer sur celle où mes parents habitaient dans la Somme. Mais fut un temps ou ils résidaient sur l’île d’Oléron et où la pêche se faisait en mer et non aux étangs.


J’ai toujours aimé le mouvement des vagues sur la grève, même si l’on y voit pas les résidants. En dehors de la recherche des oursins, coquillages et crabes que l’on pratiquait sur les plages de la Brée ou sur la côte sauvage aux huttes, on y pêchait aussi la sole à la pointe des Saumonards. C’est d’ailleurs là-bas que mon père tendait, en fonction de la marée, le soir, ses deux filets.

Il possédait deux magnifiques filets, l’un volant et l’autre Tramaille. Pour les néophytes, un filet volant est un filet à petites mailles qui n’est attaché que d’un côté. Une pierre est fixée à l’un de ses coins et à un autre on accroche une bouée. Cette bouée sert à le localiser mais aussi élever le filet dans le courant. Ce type de filet s’accroche à tous les poissons qui vont à contre-courant. Le Tramaille est en fait constitué de trois filets superposés ayant deux types de mailles, des grosses et des petites. Le filet à petite maille étant encadré des deux autres. Ce type de filet est fixe et fait face au courant. Deux de ses coins sont équipés de flotteurs et les deux autres de grosses pierres. Les poissons passent sans crainte les grosses mailles pour se prendre dans les petites et le filet à petite maille se transforme en succession de poches.

Ma préférence allait à la pêche aux anguilles. Armé d’une mitraillette à douze coups, je me postais sur les rochers de l’une des pêcheries de la Brée et je mouillais prés des rochers afin d’éviter de blesser les baigneurs. Pour les néo… une mitraillette est une ligne où sont montés une douzaine d’hameçons. Ce que j’adorai par dessus tout, c’était de voir la tête des baigneurs lorsque je relevais ma ligne. Avec une douzaine d’hameçons, c’était assez fréquent. Vous auriez vu leurs yeux lorsqu’ils réalisaient qu’ils se baignaient là même d’où j’avais extrait une telle horreur. Car leur dégout face au corps de serpent d’une anguille, remuant et se contorsionnant était un vrai régal. Ils m’observait manier le dégorgeoir tandis que le corps de l’animal m’enserrait l’avant bras et s’imaginait ce qu’il pouvait advenir d’eux alors qu’ils baignaient. Ils étaient stupéfait de voir que je laissaient mes proies dans un parapluie piqué dans le sable pour les retenir (ses bestioles ont tendances à vouloir grimper sur le manche et les baleines plutôt que de simplement s’échapper par le tissus.). Ils n’osaient m’aborder de crainte de devoir s’approcher des monstres.

J’adorais ça.


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