De l'autre côté du lit : un couple échangiste
J’ai été extrêmement surpris de voir que personne ne s’était lancé dans la critique de ce film alors que l’on approche de la fin de sa première semaine d’exploitation. Pourtant, nombreux étaient ceux qui attendaient au tournant la prestation de Dany Boon après l’écrasant succès de « Bienvenu chez les Ch’ti ». Certes, dans cette comédie « légère », il ne fait que l’acteur. C’est Pascale Pouzadoux qui était aux commandes.
On aurait pu penser qu’un tel film sur la « gueguerre des sexes », entre les mains d’une femme allait aboutir à une nouvelle revendication féministe mais ce serait oublié qu’elle a osé appeler son précédent film « Toutes les filles sont folles ». Il faut bien reconnaître qu’elle a un petit côté déjantée cette réalisatrice.
Certes, l’histoire semble un peu classique et resucée. Mais, dans cette nouvelle version de l’éternel débat sur les différences homme-femme l’accent est plus mis sur le fait que les hommes aimeraient bien eux aussi sortir des cavernes de Mars et en laisser la responsabilité à leur vénusiennes épouses. Je fais allusion ici aux théories de John Gray sur les origines Hommes-Femmes puisque ce scénario semble les faire siennes.
Ce n’est pas l’histoire d’amour d’Ariane et d’Hugo mais plutôt l’histoire de ce qui fait d’eux un couple. Chacun assume un certain nombre de responsabilités mais lorsque les pressions sont trop fortes, il arrive un moment où l’on pette un câble. Ors là, c’est Ariane qui a l’impression que sa vie lui échappe et qu’elle ne fait que la rêver sans la maitriser. Après dix ans de mariage, elle a le sentiment de ne servir à rien. Par défi, et pour sauver leur couple, ils échangent pour une période d’un an leur vie…Toute leur vie. Ainsi, elle se retrouve du jour au lendemain à la tête de leur entreprise de location de matériel de chantier tandis que lui tente de vendre des bijoux à domicile. Il leur apparaît alors que conformément au vieil adage, l’herbe n’est pas plus verte dans le champs du voisin et malgré l’aide d’un coach motivé ils finiront non pas par regretter l’ancienne ventilation des responsabilité et des tâche mais par en construire une nouvelle plus adaptée aux leçons qu’ils en auront tirés.
Elle a su constituer un casting parfait pour chacun des rôles, du plus important au plus insignifiant. Sophie Marceau a maintenant l’âge et le charisme d’une femme qui se sait belle sans en abuser, un roc solide et fragile sur lequel bien des hommes bâtiraient leur foyer. Dany Boon est parfait en monsieur « Toutlemonde », avec un rien de sensibilité et d’élégance qui fait oublier son rôle de postier un peu niais. Mais comme d’habitude, les bons films reposent souvent sur une mécanique bien huilée, par des rouages parfaitement adaptés. Ainsi, Antoine Durèly en huissier, témoin et coach, apporte la dose de machisme qui eu pu manquer. Pour la féminité, elle a fait appel à la grande classe et la maturité d’Annie Duperey, si rare sur nos grands écrans et pour le côté coquin-taquin s’est adressée a Juliette Arnaud qui a pour une fois abandonnée son inénarrable trio d’« Arrête de pleurer Pénélope », une pièce cultissime ou de « Tu peux garder un secret ».
Bref, c’est une bonne comédie, pas prétentieuse pour deux sous, qui ne cherche pas à nous enseigner quoique ce soit, juste nous divertir et c’est parfait.