vendredi, janvier 30, 2009

Le glanage

Dans le courrier picard du 28 janvier, il y avait un article sur le glanage (« Glanage, une pratique qui gagne la ville »).
Bien peu de français se souviennent de ce que représente ce mot, son sens profond, j’entends. Le glanage est par définition une bonne affaire, comme celles que réalisaient les femmes des journaliers quand ce n’était pas elles, il s’agissait des veuves ou des pauvres, qui ramassaient au bord des champs les épis de blé ayant échappés à la moisson. Elles les liaient par poignée et les accrochaient à leur ceinture. Il s’agissait pour elles de profiter de la promenade ou de la fête de la moisson pour « mettre du beurre dans les épinards » à moindre frais.
C’est à ne pas confondre avec le « glandage », qui consiste à préférer manger de la farine de gland que de la farine de tout autres céréales, sous entendant par là la fainéantise opposée au travail agricole. Glaner n’a rien à voir. Cela prends du temps et nécessite de l’énergie.
Lorsque j’étais jeune, plusieurs fois, il nous est arrivé d’aller « glaner » en famille. C’était pour nous un jeu plus qu’une nécessitée. Vous me direz que si nous n’en avions pas besoins, pourquoi s’embêter ? C’est venu naturellement tant nous étions honteux de voir la quantité de nourriture perdue ou gâchée par notre société moderne alors que certains meurent littéralement de faim. Certes, le rendement de nos champs picard est assez élevé mais il le serait surement si les grosses machines qui servent à la cueillette ou au ramassage savaient tourner à angle droit. Chaque champs nous offraient dans leur quatre coins près d’un mètre carré de culture perdue.
Au début, nous ne ramassions que des haricots verts (une dizaine de kilo à quatre ou cinq personnes), des petits pois, du persil, et surtout dans notre région des dizaines de kilogrammes de pommes de terre. Pour les lapins, de la luzerne, du mais pour les poules, etc…Nous récoltions aussi des mûres, des groseilles, des fraises des bois et du cassis pour les confitures, du tilleul pour les infusions, des champignons, des châtaignes etc…
Alors, je ne pense pas réellement que ce soit spécifiquement la crise qui ai relancé le glanage. Mais plutôt une sorte d’écœurement généralisé contre tout ce gâchis qui envahi nos poubelles.
Matthieu nous avait dit son dégout de devoir dénaturer le poisson dont la date de péremption était proche en versant du liquide vaisselle dessus dans les containers du supermarché où il travaillait. Tant de gens mettent aux ordures des produits encore réparables, moi comme tous les autres d’ailleurs, j’en ai peur. J’ai au moins la délicatesse de trier mes déchets et de même que les plastiques vont dans mon container jaune, les piles dans la boite réservée à cet usage, le verre dans un autre, etc… Ce qui est réparable, nous le déposons sur le dessus de notre container.
C’est certain, par moment les éboueurs doivent nous maudire mais les trois quart du temps, ce que nous y déposons n’est plus présent le lendemain.

P.S. : Sur cette photo, le résultat de notre glanage d’il y a deux ans, près d’une vingtaine de kilo de pomme de terre récoltés en promenant le chien dans le sillage du tracteur.


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