Hoëdic, le beau petit caneton
Cette fois ci, c’est un long, long voyage. D’autant plus long qu’il y a une heure trente de bateau pour rejoindre cette île au départ de Quiberon.
Debout avant cinq heures, nous sommes partis dès six heures sous la pluie pour embarquer à 9 heures vingt. En fait cette sal*pe d’hôtesse m’avait dit que nous devions nous présenter à l’embarquement à 9 heures précises et du coup on a poireauté avec une envie de pisser qui ne tenait pas dans un panier à salade durant une vingtaine de minutes, je vous dis pas le calvaire. Mais cela, c’est autre chose. Nous étions somme toutes assez nombreux au regard de la taille du bateau mais il faut dire que celui-ci faisait une courte escale sur l’île d’Houat avant de poursuivre vers Hoëdic ors comme celle-ci est plus grande, nous avions espoir de voir bon nombre des passagers nous quitter en chemin.
Nous sommes donc arrivé pour les matheux et matheuses vers 10 heures cinquante dans un autre univers.
Tout d’abord, au fil des vagues, bien avant que nous ne soyons passés par l’île d’Houat, le soleil avait fait son apparition, le vent marin repoussant vers le continent les lourds nuages sombres. La température profitant de la réverbération de ce soleil rasant commençait à s’élever. Bref, il faisait miraculeusement beau.
Ensuite, contrairement à nos prévisions, la majorité des passagers soit une bonne cinquantaine est descendue sur le quai du port en même temps que nous, c’est à dire juste après les marchandises que les insulaires venaient chercher avec de petites remorques tirées à bras(Ah, oui ! J’ai oublié de vous dire que sur cette île, les véhicules à moteurs sont prohibés et réservés au pompier). Bon, vous me direz, pourquoi pas ! Non, le plus étonnant, ce qui nous a fait nous retrouver dans un autre monde, c’est qu’à peine débarqué, ces passagers se sont mis a se parler comme si ils se connaissaient tous tout d’un coup et à grand coup de tapes dans le dos se sont dirigés tout droit vers l’église comme si ils appartenaient à une même secte ou quelque chose comme cela. Ce n’est que bien plus tard que nous avons appris que la population résidente sur cette île qui ne s’élève qu’à environ quatre vingt dix âmes appartient de façon plus ou moins proche à deux grandes familles, les Allanic et les Blanchet ors ce Samedi était pour eux jour de mariage, ce qui expliquait l’affluence de rapatriés et l’apparente désertion de la population locale.
Enfin, troisième constat…pas de routes, de fossés ou de barrières, pas la moindre limite, le moindre panneau, pas un seul câble au dessus de nos têtes, rien pour nous guider d’autre que le chemin tracé par des passages plus fréquents qu’à un autre endroit. Cela peut paraître naturel, mais lorsque l’on vient d’une grande ville, d’un état et un pays où l’on vous apprends à marcher sur un trottoir, à cracher dans un caniveau, à respecter l’espace qui appartient à autrui, cela fait tout drôle de vous retrouver dans un hameau qui ne doit cette appellation qu’au fait qu’il y ai plusieurs maisons dans une même zone géographique restreinte, où les maisons sont en tous sens, où trois chevaux blancs paissent dans les jardins de voisins. La seule uniformité réside dans le matériaux de construction, la sombre pierre noire si commune en Bretagne et que l’on sent extraite d’une carrière voisine.
Une fois passé cette stupeur, nous avons entrepris de visiter cette île. Je devrais peut-être dire cet îlot puisqu’il ne fait en tout et pour tout que deux kilomètres carrés et encore, cette superficie comprend un marais plus vaste que le bourg, 800 m de large sur 2,5 km de long et culmine à 22 mètres en son point le plus haut, le Beg Lagad à moins qu’il ne s’agisse de la pointe du château. Pour ceux qui auraient des faiblesses en géographie, je rappelle que l’île d’Hoëdic est sise en plein milieu de la baie de Quiberon, entre Belle-Île en mer et le continent, elle appartient à la même crête rocheuse que la presqu’île de Quiberon et l’île d’Houat. D’ailleurs leur nom symbolisait cette même appartenance en langue bretonne (HOUAD le canard, HOUADIG le caneton).
Nous avions accosté au port nord de l’île, le port Argol (« Mettre en perdition » en breton, de 1815 à 1825, l’île fut répudiée par la France pour actes de piraterie). L’île possède deux ports, au sud il s’agit du port de la Croix.
Après une visite succincte du bourg, nous sommes partis très vite nous perdre dans la lande au nord-ouest. Claudine avait un besoin aussi pressant que celui de la gare maritime et cette capitale ne semblait pas posséder de toilettes publiques. C’est la raison pour laquelle, afin de ne pas être vus du bourg (pas plus de 1 kilomètre de distance, je vous le rappelles) nous somme descendus dans la petite crique du port dit « de l’église ». Vous allez me dire que le François, il déraille, il nous annonce seulement deux port et nous parle d’un troisième ! C’est que ce port là, il est totalement à l’abandon. Son quai de pierres c’est effondré dans la mer et sert désormais de support aux huitres.
Justement, il était alors midi. Que faire à manger lorsque vous vous trouvez pratiquement seuls en pleine mer, loin des hommes et avec pour seules ressources votre téléphone portable (on capte) et votre carte bleue ? Vous devenez comme un animal et muni d’une pierre même pas taillée vous vous attaquez à ces malheureux mollusques, venus se perdre dans ces eaux si claires. On a fait une orgie d’huitre de pleine mer, une vingtaine chacun, il ne manquait qu’un citron. Nous avons continué notre tour de l’île par le mouillage du « Men du », pas un seul rafiot à l’horizon, puis sommes monté à la pointe du vieux château, une belle vue, 22 mètres au dessus du niveau de la mer tout de même, avant de redescendre vers le calvaire du Port Blanc (un calvaire pas un troisième port, Ok ?).
Je vous rappel qu’il faisait fort chaud et commençait à faire soif. Aussi avons nous interrompus notre visite le temps d’une petite crêpe et d’un gorgeon(s) dans la crêperie du village au milieu des invités au mariage.
Un peu beaucoup plus tard nous avons repris notre promenade en zappant tous le marais, qui de toutes façons, on le voyait bien (pas passés à moins d’une dizaine de mètres) était enfoui sous une foultitude de plantes marécageuses, une variété de lin je pense, pour nous diriger vers Port Pamec (c’est toujours pas un port mais une sorte de anse), puis au port de plaisance de la Croix.
Comme nous commencions à nous sentir un peu lourd, nous avons profité de la marée basse pour accéder au rocher du Madovoar, et y faire une petite sieste entouré du vol rageur des mouettes dont nous avions dérangé l’habitat naturel. Il faut dire que comme nous nous en sommes aperçu en voulant repartir, ce rocher constitue lui même un petit îlot perdue dans la mer à marée haute. Il était moins une que j’y laisse Claudine.
Après cette aventure, nous avons fini le tour de l’île et comme la marée était bientôt haute nous sommes retourné au bourg attendre l’arrivé du bateau en squattant une petite sieste dans le jardinet d’une maison.
Retour vers la grisaille bien fatigué et aussi bien bronzé et les yeux encore plein des merveilles d’une nature sauvage.