La Bourrine à Rosalie
Oh ! J’ai oublié de vous parler d’un lieu étrange que nous avons visité durant nos vacances.
Cela s’appelle la « Bourrine à Rosalie ». Je ne sais plus de quel endroit nous revenions toujours est-il qu’en passant devant une affiche indiquant « La Bourrine à Rosalie », nous avons étés pris d’une envie soudaine de nous y arrêter. Il devait être dans les cinq heures du soir si ce n’est plus. Il faisait encore beau et clair et lorsque nous avons vu cette bourrine avec sa petite mare avoisinante, pleine de canards, nous avons décidé d’aller voir si c’était ouvert et le cas échéant de la visiter.
J’ai appris un peu plus tard que nous étions alors à Sallertaine. A force de nous faire guider par les satellites, on ne sait plus où l’on est. Mais en gros, c’est le marais breton. Le marais breton se situe au nord de la Vendée.
La bourrine se trouve pas loin de l’ancienne îlot calcaire de Sallertaine. Autrefois, cet endroit était recouvert par la mer mais au vingtième siècle, des moines avec leurs bêches, ont creusé des fossés pour en assécher les terres afin de les exploiter. La bourrine est entre 50 cm et 1 m en-dessous du niveau de la mer. En hiver, le bocage rejette son eau sur le marais breton, et l’inondation se produit. Pour évacuer l’eau vers la mer, on ne peut ouvrir les digues qu’à marée basse. Les habitants du marais se nomment les maraîchins ou les maraîchines. Rosalie est l’une d’elles. Elle a vécu dans cette bourrine de 1899 à 1971. Maintenant, nous pouvons visiter cette bourrine pour nous rappeler comment vivaient les gens au début du siècle dernier et poursuivre le devoir de mémoire.
La bourrine de Rosalie a été construite vers les années1800. Les maraîchins qui étaient pauvres ne pouvaient pas acheter un terrain. Comme ce terrain gagné sur la mer n’appartenait à personne, le maire de la commune leur donnait à condition que les maraîchins y construisent une bourrine en une nuit. Le lendemain matin, il fallait que la cheminée fume. Donc, ils ne construisaient que la cheminée et les quatre murs bas. C’était des murs faits de torchis, un mélange de terre et de paille qui plus tard seraient recouverts de chaux ( sorte de peinture blanche ). Le toit est fait avec des roseaux. Ils sont bien lisses et creux, la pluie glisse dessus et ne passe pas à travers. Autrefois, le sol était fait de terre battue. Maintenant, il est en ciment à cause des inondations de l’hiver qui pourrait abîmer les meubles. A l’intérieur de la bourrine, il n’y a pas de plafond. On peut donc voir les poutres qui sont de toutes sortes de bois. Ces poutres soutiennent les roseaux.
Les maraîchins et les maraîchines portaient deux sortes de vêtements. Il y avait les habits de tous les jours et les habits des dimanche et jours de fête.
En semaine, le maraîchin portait un pantalon de lin. Le lin est très résistant et issu d’une plante cultivé dans la région Il avait une chemise blanche bien souvent de même matière et par dessus une blouse de « maquignon ».La chemise était toujours portée déboutonnée. Autours du cou, il nouait un mouchoir à carreaux. Il portait aussi un chapeau en paille pour se protéger du soleil ou du froid. A ses pieds, il mettait des sabots en peuplier. A l’intérieur des sabots, il mettait de la paille ou des petits chaussons en laine. La maraîchine, elle portait une jupe foncée et un tablier par dessus. Elle avait aussi un chemisier blanc en lin. Pour se protéger du soleil et du vent, elle mettait sur sa tête une « quichenotte », une coiffe traditionelle en Saintonge et en Vendée. Ce mot proviendrait de l’anglais « kiss me not », qui se traduit pas ne m’embrassez pas.
Le maraîchin portait ses plus beaux habits pour les dimanches ou les jours de fête. Il mettait un chapeau en feutre orné d’un ruban de velours noir, un pantalon noir, une chemise blanche, un petit gilet noir à passementeries, un petit nœud papillon en velours noir et aux pieds des sabots noirs fins. Sa compagne portait elle aussi ses plus beaux habits. Elle mettait une longue robe noire avec un tablier de couleur foncée par dessus. Sur ses épaules, elle mettait un châle de couleur foncée et souvent, brodé. Sur sa tête, elle déposait une coiffe de dentelle. A ses pieds, elle mettait de jolis petits sabots noirs.
Pour se déplacer, Rosalie comme bon nombre de maraichins utilisait :
- Un vieux vélo.
- Une yole, une petite barque légère à fond plat qui peut être équipée d'une voile unique. La yole sert à se déplacer dans les marais inondé l’hiver.
- Une ningle, une sorte de grand bâton qui sert à sauter par dessus les fossés. Elle plantait la ningle le plus près d ‘elle dans le fossé et avec de l’élan, elle sautait.
Rosalie faisait cuire son pain chez les gens les plus riches. En effet, l’âtre d’une bourrine n’a pas de four. Mais elle n’y allait pas quand elle le voulait. Il fallait que les gens riches fassent cuire aussi leurs pains en même temps. En échange, elle faisait un peu de ménage. Pour gagner un peu d’argent, elle leur faisait le repassage et le ménage chez les gens les plus riches.
Rosalie élevait aussi des canards près de sa petite mare. D’ailleurs, pendant que nous discutions avec son lointain descendant qui conserve ici le souvenir de cette pauvre mais noble et fière travailleuse, le petit saxo se roulait sans qu’on le remarque dans les fientes de ces oiseaux. Il était tout vert et puait à tel point que nous avons fait le voyage de retour jusqu’à la maison toutes fenêtres ouvertes. Les canards était transportés dans des cages en bois. Elle allait les vendre sur le marché de Challans. Les maraîchins fabriquaient aussi leur beurre. Ils allaient le vendre sur le marché de Challans.
Voici, vous comme nous participez à perpétuer le souvenir de cette humble femme, de son mode de vie et de ses moeurs.