R.I.P.
Samedi, je me suis mêlé à la vague de transhumance qui dirige une bonne partie de mes concitoyens vers les lieux d’éternels repos où ils viennent déposer quelques gerbes et plantes qu’au demeurant, ils n’aiment pas trop. J’ai fini, l’après-midi, par le plus extrême de mes morts, mon frère.
Cela fait trente deux ans qu’il est mort. J’en avais seize, deux fois moins. Pourtant, c’était hier que l’on couchait toute mon enfance sous le marbre. Nous étions frère, mais qui l’eut cru. Tout nous opposait, sa blondeur aryenne et ses audaces face à ma timidité brune et mes introspections. C’était mon modèle, mon héros.