jeudi, juin 12, 2008

Ils sont tous foot


Miou-Miou
Originally uploaded by polkas75.

Le seul moyen d’échapper au Championnat d'Europe des Nations qui déferle sur nos petits écrans, s’est d’aller se planquer dans les salles obscures. Mais, même là, on a du mal à échapper à la football-mania. Entre Emir Kusturica, le réalisateur serbe qui crie son amour du ballon rond dans un documentaire intitulé « Maradona by Kusturica » et Thierry Rolland qui sort sa « Finale en or », un film documentaire sur la Coupe du monde de football en 1998, revue dix ans après et commentée par ses soins avec Jean-Marc Ferreri, il devient impossible d’échapper au ballon rond.

Le réalisateur français Claus Drexel en se lançant dans une comédie policière et grenobloise sur fond de Coupe de France n’est pas le premier à fleurter avec le football. Outre L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty de Wim Wenders, Le ballon d'or ou Goal ! : naissance d'un prodige et sa suite Goal II, se sport se révèle susceptible de générer de bonnes comédies. Il suffit de voir le Didier d'Alain Chabat.

Affaire de famille, sorti trois jours avant le premier match de l’euro soit le mercredi 4 juin 08 dans deux cent soixante salles françaises, accuse toutefois beaucoup moins de spectateurs.

Pourtant, un peu comme dans « Angles d’attaques » de Pete Travis, le film est une succession de point de vue différents en fonction de la place du spectateur-acteur.

Ors le premier des spectateurs, c’est nous. Depuis notre fauteuil, on assiste à la fin de la finale de la Coupe de France dans laquelle les Grenoblois prennent une grosse tôle, c’est la sortie du stade, tout le monde se pousse et se bouscule aux barrages filtrants des stadiers mais aussi de la police nationale. Un petit incendie éclate dans l’une des maison proche.

Après le générique, on obtiens le point de vue de Laure Guignebont. C’est une petite bourgeoise comme sait si bien les interpréter Miou-Miou, qui ne sort de sa boutique de souvenirs plus kitsch les uns que les autres que pour allez chez le coiffeur laquer son impeccable mise en plis. Elle regarde passer le temps de dessous ses horloges à coucou sans que rien ne vienne rider l’Isère. Aussi lorsque lisant dans son lit elle entends du raffut au dehors et qu’elle voit son cabanon de jardin brûler alors qu’elle n’a pas encore sorti ses plantes annuelles, est-elle effondrée. D’autant que comme un malheur n’arrive jamais seul, son petit monde autour d’elle semble pris dans un vent de folie. Tout est incompréhensible et comme elle nous nous demandons pourquoi il y a un mégot sur l’appui de fenêtre de la cour, un chargeur dans la poubelle ….

Heureusement, le point de vue de Jean, son mari, éclaire un peu la situation. Ex-joueur de football à Saint-Etienne, il a, par amour, délaissé sa carrière pour épouser Laure. Mais ce rôle de père tranquille s’il convient bien à André Dussolier, l’ennuie. Seul avantage de sa situation, il est désormais voisin du stade où il se rend régulièrement. Ors, après avoir quitté la décevante finale avant terme pour fumer une cigarette dans son jardin, il aperçoit un inconnu qui planque un sac plein de billet dans la remise de sa femme. S’il se voit déjà monter une école de football au brésil, il sait combien il lui sera difficile de convaincre son épouse et sa rebelle de fille, Marine. André Dussolier retrouve donc ici Miou-Miou auprès de qui il avait déjà joué les amoureux à l’occasion du Montparnasse-Pondichéry d'Yves Robert. Son œil malicieux nous laisse toutefois douter jusqu’au dernier instant de l’attachement des deux époux.

Eric Caravaca qui passe des Ambitieux à la Chambre des morts nous offre l’interprétation d’un inspecteur Vivant menant enquête sur le mystérieux vol de la recette du stade. Comme par hasard, ce soir là, il était impossible de payer par carte bleu et la totalité des billets fut vendue en numéraires. On sait que les cambrioleurs étaient deux et il faut bien l’avouer, l’attitude de ces Guignebont est louche. Comme sont louches les absences et la nervosité de Marine Guignebont.

Marine, la fille de bonne famille, un peu délurée sur ses rollers, a aussi ses secrets. Même si on ne lui dit pas tout, au détour d’un escalier, ou de derrière une porte, elle suit le parcours du sac de billets. Elle est interprétée par Hande Kodja, la Louise du capitaine Achab.

Enfin, le dernier point de vue, celui qui dénouera pour vous la totalité de la trame, qui expliquera tous les mystères et rebondissements de l’affaire vous sera donné par Julien Courbey, qui joue Sammy, la petite frappe qui a planqué le fric dans le cabanon au départ de l’action.


Ce film est magnifiquement construit du début à la fin. Les acteurs à la hauteur de leur rôle dans ce presque huis-clos. Il est joliment ficelé mais on ne saurais dire par qui entre le réalisateur et l’auteur du scénario si ce n’était le même, Claus Drexel, que je découvre et qui promet.

Affaire de famille n’est pas sans me faire penser à « Bienvenue chez les Rozes » de Francis Palluau pour l’atmosphère totalement déjantée que peut produire l’argent sur une bonne grosse famille bourgeoise.

A voir absoluement.


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